Année : 1997. Durée : 1 H 10'
Fiche technique :
Réalisation, concept, image, partition sonore, montage : Gérard Courant.
Production : Gérard Courant, Les Amis de Cinématon (avec l’aide de Frédéric Dutourd, Milena Nokovitch, Alain Paucard, Thierry Séchan, Bernard Peyrotte).
Interprétation : Alain Paucard, Gérard Courant, Vladimir Dimitrijevic*, Slavica Zullo*, Milos Sobaïc*, Ivica Pinjuh*, Dimitri T. Analis, Patrick Besson, Frédéric Dutourd, Milena Nokovitch, Thierry Séchan, Vladimir Volkoff, Miodrag Jankovic, Aleksa Buha, Laure Adler, Zoran Djindjic, Isabel Otero*, Jean-François Stévenin*, Cécile Babiole*, Alain Fleischer*, Gérome*, Jacques Monory*, Jean-Michel Roux*. (Les noms des interprètes accompagnés d’un « * » proviennent d’images extraites de leur Cinématon ou d’autres séries de portraits filmées).
Tournage : Roissy (France), Belgrade (Yougoslavie), Zvornik (Republika Serbska), Babusnica (Republika Serbska), Vlasenica (Republika Serbska), Brcko (Republika Serbska), Pale (Republika Serbska), Banya Luka (Republika Serbska), Derventa (Republika Serbska). Paris (France).
Format de tournage : Super 8 mm.
Pellicule : Kodachrome.
Format de diffusion : Vidéo.
Cadre : 1,33.
Procédé : Couleur et noir et blanc.
Collection publique : BNF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
Première projection publique : 2 février 1998, Cinémathèque Française, Paris (France).
Principales diffusions:
Cinémathèque Française, Paris (France) 1998,
Télévision nationale de Bosnie-Herzégovine (Bosnie-Herzégovine), 1998.
Voyage au centre du monde est, suite à une invitation de la nouvelle mairie de Belgrade et du gouvernement de la Republika Serbska, le film qu’a ramené Gérard Courant de son voyage avec un groupe d’écrivains en Yougoslavie et en Bosnie-Herzégovine.
(Programme de la Cinémathèque Française, 2 février 1998)
Succédant au Ciel écarlate, Voyage au centre du monde est le nouvel épisode de mes Carnets filmés qui recouvrent la période du 16 mars 1997 au 16 avril 1997).
Cette partie correspond essentiellement au voyage que j'ai fait avec un groupe d'écrivains en Serbie et en Républika Serpska de Bosnie du 11 au 16 avril 1997.
Je suis allé à Milici, Zvornik, Pale, Vlasenica, Banjaluka , Brcko en Républika Serpska de Bosnie et à Belgrade en Serbie.
Ce voyage d'écrivains est composé de Dimitri T. Analis, Patrick Besson, Frédéric Dutourd, Milena Nokovitch, Alain Paucard, Thierry Séchan, Vladimir Volkoff, emmené par Miodrag Jankovic, écrivain et représentant de la Republika Serpska en France.
Le film présente également d'autres personnages comme Aleksa Buha, le ministre des affaires étrangères de la Républika Serpska et Zoran Djindjic, le nouveau maire de Belgrade.
(Gérard Courant)
La force, la magie et le charme du cinéma italien des années quarante et cinquante sont résumés dans le titre d'un film de Dino Risi où les héros sont Pauvres mais beaux (*).
Les Carnets filmés de Gérard Courant sont réalisés avec le minimum de moyens, et même le minimum du minimum : une caméra, un regard et que cela soit dit, c'est le regard qui commande à la caméra. En ce sens, c'est un cinéma pauvre réalisé par un riche, un cinéma « pauvre mais beau ».
Du 11 au 16 avril 1997, Gérard Courant a accompagné un groupe d'écrivains en Serbie et dans la partie serbe de la Bosnie, un groupe d'écrivains allant à la rencontre d'un peuple « pauvre mais beau », qui conserve, malgré les calomnies, la diabolisation et les embargos Deux sous d'espoir (**).
Pour ceux qui n'ont pas les moyens de lutter contre la puissance financière américaine, il reste l'arme absolue : son être intime, son âme.
Les soixante-douze minutes du Voyage au centre du monde pèseront plus lourd, demain, que tous les Welcome to Sarajevo.
(Alain Paucard, 1997)
(*) Ooveri ma belli (1956). Il est vrai que l'année suivante, Risi réalise... Beaux mais pauvres.
(**) Due soldi di speranza (1951) de Renato Castellani.
Très cher Maître,
Je tenais à faire ton apologie sans tarder : FANTASTIQUE ! Ton film officiel Serbe est une pure merveille ! Tel que je l'ai compris...
Car j'ai pu m'inquiéter longtemps, après mon départ, d'avoir été le seul à rire franchement du début à la fin de cette Œuvre à Serbes acerbe. Quelques rires honteux s'étaient par ailleurs fait entendre et uniquement à l'occasion de ce plan suggérant les envahisseurs urinant sur le monde ! Je pensais alors qu'ils avaient compris ! Qu'ils avaient enfin trouvé la clef ! Mais non...
Tout bien réfléchi, je ne puis penser que ma lecture était mauvaise. Ma lecture est l'évidence même et ce public était un public vide : sûrement plein de cet esprit de sérieux qui ne lui permet pas de reconnaître l'esprit de sérieux que tu confonds dans ton travail et dont tu dénonces si magistralement le ridicule.
Ces gens étaient venus chercher on ne sait quoi, mais surtout pas la claque foudroyante, nette, solide, réelle, dévastatrice que tu leur tendais en guise de main. L'évidence n'est pas à la portée de ces gens qui, j'en suis sûr, ont bien assez à faire dans les hautes sphères nébuleuses du concept, de la pensée, voire de l'idéologie sans majuscule.
Car ce que tu délivrais était à crever les yeux ! Ce respect, cette émotion dont ta caméra témoigne à l'égard du pays, de ses habitants et de ses morts ; cela opposé radicalement aux « intellectuels » pareil à une bande de « beaufs » cadres supérieurs venus jouer, « entre hommes », les supporters de leur équipe nationale dans un pays étranger.
Mais peut-être les spectateurs ont-ils été au moins subjugués par l'« esthétique » de ton Œuvre. Pour ma part, c'est de sa « beauté » dont je parlerai pour finir car, comme chez les plus grands réalisateurs, tes images sont belles parce qu'elles portent toujours du sens quand ce n'est le sens qui semble les porter. C'est là encore une évidence que je me plais à rapporter tant il est rare de la voir illustrée dans une oeuvre. Bresson parlait d' « écriture cinématographique » : il aurait certainement apprécié de voir ce que tu entendais par là. Car tes plans sont magistraux et ton montage phénoménal ! D'une pureté et d'une efficacité rares et pourtant d'une grande audace... Je suis encore sous le choc de tant de choses : ces jeunes filles au bord du gouffre qui semblent à deux doigts d'être poussées dans le vide par les envahisseurs ; ces derniers dont les pieds écrasent même la tête (des ombres) de leurs semblables sur le dallage ; ces photos sur la croix, qui ne sont plus des photos mais des personnes plus réelles, plus vivantes que ceux qui les découvrent ; ...et que de richesses encore... rien que des « petits bijoux » qui, comme si ce n'était pas assez, sont liés avec art pour n'en former qu'un immense et plus sublime encore...
Tu es incontestablement un Maître du parlant : tu m'as rappelé sans cesse et pour longtemps que les images peuvent constituer un vocabulaire sans pareil et leur assemblage une grammaire à part entière, tant et si bien que j'aurais voulu aujourd'hui te parler en images.
Je te remercie et te félicite encore pour tout.
Avec mes amitiés.
(Bruno Lapeyre, février 1998)
Une salle pleine et attentive a assisté à la projection du film documentaire
de Gérard Courant.
Dans la salle bien remplie de la Cinémathèque française, salle qui appartient au Musée du cinéma, a été présenté Voyage au centre du monde, tourné en avril 1997 et d'une durée de 72 minutes.
Dans la présentation de son film, Gérard Courant a expliqué que ce voyage en Republika Serpska a été, pour lui, un défi. Il a remercié tous ceux qui l'ont aidé à réaliser ce film, en particulier Miodrag Jankovic, représentant de la Republika Serpska en France, « sans qui le film n'aurait pas pu exister ». Il a remercié également le gouvernement de la Republika Serpska, l'union des écrivains de la Republika Serpska de Banyaluka, l'ex-maire de Belgrade, Zoran Djinjic et d'autres personnes et institutions.
Ce film documentaire est muet. Il est sonorisé par des chants religieux orthodoxes du Moyen Age. Des textes explicatifs de ce voyage ont été écrits par l'auteur dans des intertitres. Le film est le récit du voyage d'un groupe d'écrivains français qui sont des grands amis de la Serbie (Patrick Besson, Frédéric Dutourd, Milena Nokovitch, Alain Paucard, Thierry Séchan, Vladimir Volkoff, Dimitri T. Analis).
Au début du film, le réalisateur pose la question : « Qu'est-ce que l'on connaît de la Serbie ? ». Ensuite, nous suivons chronologiquement le voyage du départ de l'aéroport de Roissy, suivi du passage à la frontière à Babusnica, l'arrivée à Zvornik où Dutourd embrasse la terre serbe. À Pale, un inter-titre indique : « Ciel de guerre ? Ciel de paix ? ».
Le spectateur apprend que les écrivains français ont reçu comme cadeau du gouvernement de la Republika Serpska, un porte-feuille vide et qu'ils ont vu des centaines de maisons détruites, brûlées et abandonnées ainsi que le cimetière des combattants serbes à Vlasenica.
Le cinéaste a évoqué également la soirée littéraire à Banyaluka, soirée intitulée « Éloge des Serbes ». Il n'a pas manqué de filmer l'arrivée à Belgrade où les écrivains français se trouvent devant le monument sur lequel est inscrit : « Aimons la France comme la France nous aime ».
Malgré son importance de montrer au public la Republika Serpska, le film de Gérard Courant donne l'impression de ne pas être achevé et de ne pas avoir de messages. Ce film s'adresse plus à ceux qui connaissent déjà la Republika Serpska qu'à un public non averti.
PROVOCATEUR EN FUITE
Cette projection s'est terminée par le cri d'un provocateur qui, posté à la sortie de la salle quand la lumière s'alluma, cria : « À bas le fascisme ! » et s'enfuit.
(Olga Djokovic, Becth, 5 février 1998)
Le titre est peut-être un clin d'oeil au réalisateur yougoslave Kusturica (Underground, 1995) par l'entremise de ce qui se révèle la référence principale : le « Voyage au centre de la terre » de Jules Verne.
Le sous-titre, et la notice qui l'accompagne, annoncent un « poème », ne lève pas cette ambiguïté, qu'il serait vain de vouloir résoudre. Elle situe son originalité de cinéaste. Sa passion, sa capacité d'indignation, d'engagement, d'une part ; son goût de la farce, de l'autre. Son envie de proclamer des convictions, d'un côté ; de l'autre, son aptitude à poser sa caméra face à un objet (les fameux Cinématons) ou à le suivre (la série des Travellings) sans intervenir.
Le film est muet. Mieux que personne, Gérard Courant sait que les images ne parlent pas, du moins pas seules. L'expérience en a été faite souvent. (Je me souviens par exemple d'un film sur Cuba projeté à Porto Rico et en Floride. Accompagné d'un commentaire violemment anticastriste, il montrait l'île sous l'aspect d'un « camp de concentration ». Avec un commentaire pro-castriste, les mêmes images illustraient de façon tout aussi manifeste le « paradis communiste »).
Gérard Courant a glissé dans son film une trentaine d'intertitres. On peut constater qu'ils n'esquissent aucune théorie qui pourrait aider un spectateur ininformé à se faire une idée sur les terribles événements de Yougoslavie depuis 1991. Ces pancartes indiquent des jalons de l'itinéraire : Paris, aéroport de Belgrade et, tout de suite, la portion serbe de la Bosnie ; les voyageurs y passent trois jours, avant de revenir à Belgrade, où le maire les recevra. L'essentiel du voyage, c'est le car, les arrêts du car, le filmage à travers la vitre d'un paysage courant après sa propre histoire, les kilomètres parcourus dans cette « République Serbe » (dont on comprend que, malgré son nom, elle ne constitue pas une nation, avec le caractère international attaché à ce terme) et les noms. Ceux des lieux traversés. Et des « personnes remarquables » rencontrées, dont les portraits défileront en rappel, à la fin du film ; parmi elles, nombreuses, les photos de jeunes gens avec ces dates terminales, 1992 ou 1993, sur les pierres tombales du cimetière de Vlasenica.
À ce point du film, on perçoit « en direct » le chant grégorien. Il nous accompagne tout au long du voyage, il donne au film sa note maîtresse, une note quelque peu formelle, en tout cas hors du langage – sauf pour ceux qui savent les textes sacrés. Et les savent en latin, et peuvent les suivre quand ils sont chantés en choeur avec l'accent serbo-croate serbe ou croate.
La caméra suit de près, et souvent, la ballade de sept intellectuels français sous l'oeil du réalisateur, qu'on ne voit jamais. Normal, c'est lui qui tient la caméra. Mais d'où vient que son absence soit si sensible ? On va jusqu'à penser qu'il n'a pas quitté Paris et qu'il est en train d'y tourner (quelque part au dessus du bois de Vincennes, rue Pierre 1er de Serbie, dans une librairie ou un musée quelconque) tout ce qui défile ici. Mais on sait qu'il est passionné de vélo, qu'il collectionne les cols grimpés, qu'il rêve de mourir en gagnant Bordeaux-Paris après avoir créé le tour cycliste de la République Serbe, dont il élabore le tracé caméra à l'épaule. (Une course qu'il prévoit « annuelle », telle est sa manière de penser la politique.) Donc, il est là. Personne plus que lui ne peut goûter la réalité de ce « travel », ce « voyage travelling ». Ceux qui connaissent Gérard Courant savent qu'il ne dirige jamais, qu'il ne « met » pas en scène. Il détermine la durée de la prise – d'une manière aussi rigoureuse qu'arbitraire – et il laisse aller. D'où vient que sa débordante personnalité semble enfermer les personnages comme dans une vignette de bande dessinée ? Dont il serait le « Tintin ». Voyage de Tintin au centre de la terre, aux portes de l'Est, en Terre Slave, chez les Moldaves, les Tatars ou Tartares, les Serbes, les Zoulous, les Sioux, les Hébreux, les Tarahumaras, les Mousquetaires, les Ronchons, les Morlocks... Exemples :
-Côte à côte, face à une palissade, les quatre illustres voyageurs arrosent et purifient la terre slave. (Tout à fait comme des députés en voyage d'information, sauf que ces derniers ne se laisseraient pas pelliculer en ces instants personnels.)
-Ils recommencent, un peu plus tard, au bord d'une de ces vastes plaines où les Occidentaux venaient tourner leurs films russes.
-Le mot « PAIX », en intertitre, ponctuant cette scène.
-Intertitres annonçant, avec la même onction résolument théâtrale : une dédicace reçue, un discours applaudi, le plaisir du réalisateur à voyager dans cette Europe décalée, à peu près comme on voyagerait en des temps anciens, quand le français était la langue universelle de la culture.
-En citation la séquence finale de Majstor i Margarita (film de Petrovic d'après Boulgakov). Un déferlement, sur les marches d'un escalier monumental, de messieurs et dames de la haute société déculottés par un vent diabolique.
-Autocitation, du portrait en « cinématon » d'Aleksa Buha, visage parcouru de nuages invisibles.
-Photo d'identité de Radovan Karadzic, sur une vitre. De tous les personnages « remarquables » rencontrés au cours du voyage, le plus en vue est cet homme « qu'on ne doit pas filmer » et que G. Courant ne filme donc pas. Loin de transgresser l'interdiction, même s'il la réprouve, il s'en amuse et s'y complaît et la pervertit. On peut situer là le point d'orgue du film. L'envers du style « paparazzo ». G. Courant aime filmer à côté de l'événement.
-Et puis on découvre des séquences qui sont là pour rien, pour le pur plaisir secret de filmer, dirait-on, et pour notre plaisir.
-Le mouvement très lent d'hommes très vieux sur de larges marches et descendant vers nous, mais repoussés vers le haut à chaque pas. Arthrose ? Verglas ? Effet de ralenti ?
-Des jeunes gens piétinant dans quarante centimètres de neige autour d'une boule blanche qui se révèle ballon. De football.
-S'il fallait pour conclure choisir une image, dans les 72 minutes du film de Gérard Courant, ce serait ce mot « PAIX » inscrit de sa main sur l'écran blanc, entre un chant d'église et un champ de blé (ensemencé) sous la neige, au début du printemps (1997), en pays serbe.
(Georges Londeix, 16 décembre 1997)
Voyage au centre du monde est un nouvel épisode des Carnets filmés de Gérard Courant. Le cinéaste réalise du 11 au 16 avril 1997, un voyage en Serbie et en Républika Serpska et en ramène des images. Réalisé avec le minium de moyens, une caméra, un regard. C’est le regard qui commande à la caméra. Gérard Courant filme selon son instinct, selon ses sens. Son regard n’est ni celui de l’amour ni celui du photographe dicté par le désir de capturer du réel. Gérard Courant veut aller au-delà de l’artifice de l’image, il aspire à montrer les signes imperceptibles de l’intimité. Intimité d’un lieu, d’une personne, d’un pays Gérard Courant souhaite (sur) prendre derrière tous les masques, le moi le plus caché, dans le moment où il s’abandonne. Le sous-titre et le texte explicatif qui accompagnent Voyage au centre du monde, annoncent un « poème », plus justement un ciné-poème. On comprend ainsi, toute l’originalité du cinéaste, mais aussi sa passion, son engagement ainsi que son aptitude à poser sa caméra face à un objet (les Cinématons) ou à le suivre (la série des Travellings) sans intervenir.
Le film est muet, mieux que personne Courant sait que les images ne peuvent pas parler toutes seules. C’est pour cela que Gérard Courant a glissé dans son film une trentaine d’intertitres. Ces cartons indiquent des jalons de l’itinéraire du voyage qu’entreprend Courant. De plus le film est sonorisé par des chants religieux orthodoxes du Moyen-Âge. Au début du film, le cinéaste pose la question : « Qu’est-ce que l’on connaît de la Serbie ? ». Il s’agit pour Courant de nous montrer ce qu’est la Serbie réellement. Il réalise une véritable autopsie. Autopsie au premier sens du terme, c’est-à-dire voir de ses propres yeux. Mais aussi autopsie dans le sens d’atteindre le vivant dans ses profondeurs. La combinaison que fait Gérard Courant avec les cartons et les images crée un savant assemblage permettant un discours construit. La caméra suit de près, elle se ballade entre les différents lieux, les différentes personnes filmées. C’est un « voyage travelling » que nous offre ici le réalisateur, Gérard Courant filme jusqu’à qu’il se passe quelque chose. C’est de manière très arbitraire que commence et s’arrête le tournage. On retrouve dans ce film, un esprit « paparazzo », Gérard Courant aime filmer l’évènement, comme le ferait un journaliste. De ces images journalistiques, Gérard Courant nous livre aussi des séquences qui sont présentent uniquement pour ce qu’elles sont. Uniquement pour le plaisir que le cinéaste a eu de les filmer. On voit ainsi le mouvement très lent, de très vieux hommes. Dans la démarche cinématographique du cinéaste, se ressent une volonté conservatrice mais aussi libératrice du cinéma. Conservatrice dans la forme, dans le traitement de l’image filmique, mais aussi dans cette volonté de garder en mémoire, en image un passé, une époque. Libératrice dans la forme, dans l’expérience cinématographique.
(Estelle Pajot, L’oeuvre filmée de Gérard Courant, Université de Bourgogne, UFR Sciences Humaines et Sociales, Département Histoire de l’Art et Archéologie, sous la direction d’Isabelle Marinone, 2014)
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