Année : 1980. Durée : 1 H 05'
Fiche technique :
Réalisation, scénario, image, montage : Gérard Courant.
Interprétation : Martine Elzingre.
Musique : Steve Reich, Philip Glass, Santana, Albinoni, Respighi, Vivaldi.
Production : K.O.C.K. Production, Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : Novembre 1979 à janvier 1980 à Paris (France) : XIIIe et XXe arrondissement.
Format : Super 8 mm.
Procédé : Couleur.
Pellicule : Kodachrome, Ektachrome.
Cadre : 1,33.
Collections publiques :
-Cinémathèque de Bourgogne-Jean Douchet, Dijon (France).
-BnF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
Première projection publique : 15 février 1980, Festival Cinéma en Marge, Porte de la Suisse, Paris (France).
Principaux lieux de diffusion :
Festival Cinéma en Marge, Paris (France) 1980.
Festival de Berlin, section Forum international du Jeune Cinéma (République Fédérale d’Allemagne) 1980.
Rencontres Pour un autre cinéma, Digne (France) 1980.
Festival de Cannes, section Ciné-Off (France) 1980.
Festival de Locarno, section Cinegraphia (Suisse) 1980.
Biennale de Paris, Paris (France) 1980.
Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Paris (France) 1980.
Centre Pompidou, Paris (France) 1980.
2 Nuits pour un autre cinéma, Action République, Paris (France) 1980.
Cinémathèque Française, Paris (France) 1980, 1991, 2002 (février), 2002 (août).
Cinémathèque Municipale du Vieux-Nice, Nice (France), 1980.
Galeria Nacional de Arte Moderna, Lisbonne (Portugal) 1980.
Galerie de l’Ouvertür, Paris (France) 1981.
Sara Hilden Art Museum, Tampere (Finlande) 1981.
Cinémathèque Suisse, Lausanne (Suisse) 1983.
C.A.C. Voltaire, Genève (Suisse) 1983.
Cinémathèque de l’Arsenal, Berlin-Ouest (République Fédérale d’Allemagne) 1984.
Studio Molière, Vienne (Autriche) 1984.
Filminstitut, Düsseldorf (République Fédérale d’Allemagne) 1985.
Le Cinéma expérimental en France, Gasteig, Munich (République Fédérale d’Allemagne) 1985.
Festival International, Leicester (Grande-Bretagne) 1985.
Galerie Dazibao, Montréal (Canada) 1986.
Cinéma Studio 43, Paris (France) 1986.
Rétrospective Jeune, dure et pure à la Cinémathèque Française, Paris (France) 2002.
Université, Iowa City (États-Unis d’Amérique) 2002.
Gulf Film Festival, Dubaï (Émirats Arabes Unis) 2011.
Site YouTube 2012.
Site Auto-Rétro-Passion, 2012.
BAFICI, Buenos Aires Festival Internacional de Cine Independiente, Buenos Aires (Argentine) 2012
Prix, récompenses, palmarès :
-Primé au Festival Cinéma en Marge, Porte de la Suisse, Paris (France) 1980.
-Fait partie de la liste de 140 films (classé 33ème), The Greatest Films I Have Seen, établie par Edmund Von Danilovich, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2019.
-Fait partie de la liste de 30 films, A Few More Favorites, établie par S, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2019.
-Fait partie de la liste de 81 films, … (3 points de suspension), établie par rr4.zeit, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2020.
-Fait partie de la liste de 456 films, Structures from Silence, établie par Joysub, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2020.
-Fait partie de la liste de 482 films, '77 - '84 Master Watchlist, établie par M. Kitchell, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2021.
-Fait partie de la liste de 581 films, Structures from Silence, établie par Toby, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2021.
-Fait partie de la liste de 50 films, Would Like to See on Mubi, établie par Mapi, site Mubi (Royaume-Uni), 2021.
Dédicace : Le film est dédié à Téo Hernandez et à Gaël Badaud.
Voir le film (plein écran) : Ici
Tourné en cinq parties
1 la barbarie
2 la délivrance
3 la raison
4 le voyage
5 l'harmonie
Aditya opère un trajet
A travers un espace détruit
C'est l'histoire d'une femme
Et l'histoire du soleil
C'est peut-être aussi l'histoire d'un rêve
Elle : Martine Elzingre
Lutte contre cette destruction
Rebâtit symboliquement l'espace
Surmonte (ou croit surmonter) la mort
En faisant l'amour
Avec le soleil
Qui est
Selon l'antique culture solaire
À la fois
Source de vie
Et source de mort
Le mariage de la femme et du soleil
Culmine dans la conception et la naissance
Du Nouveau
Mais n'est-ce pas un rêve ?
(Gérard Courant)
English I
A woman's face (Martine Elzingre) under the light of life.
(G. C.)
English II
A journey divided into five segments, moving from chaos to harmony through gaps of destruction. This is also the story of a marriage, between Martine Elzingre and the sun, which is the source of both life and death in ancient solar culture. Or maybe Courant’s film Aditya can also be considered as the story of a dream. As a female dream-like transition that can be perceived alternatively as an essay regarding cinematographic light. Through the free and lucid eye of his Super 8 camera, Courant’s shutter opens and initiates the Eighties with the first part of his tetralogy Le Jardin des Abymes. Featuring music that ranges from Steve Reich to Vivaldi, from Philip Glass to Santana, the soundtrack, as was highlighted by Lysianne Léchot, creates its own trip: a passage from “the repetition of synthetic music to the harmony of classical”.
(Diego Trerotola) Espanol
Un viaje quebrado en cinco partes, desde la barbarie a la armonía, siempre a través de espacios de destrucción. Aunque también es la historia del matrimonio entre una mujer, Martine Elzingre, y el sol, que en la antigua cultura solar es a la vez fuente de vida y de muerte. O tal vez, propone Courant, Aditya también sea la historia de un sueño. Algo así como un tránsito onírico femenino que puede verse alternativamente como un ensayo sobre la luz cinematográfica. A partir del ojo viajero de la cámara de Super 8 de Courant, lúcida y libérrima como siempre, se abre el obturador para iniciar la década del ochenta con la primera parte de uno de sus proyectos seriales, la tetralogía Le Jardin des Abymes. A partir de composiciones que van de Steve Reich a Vivaldi, de Philip Glass a Santana, la banda sonora, como señaló Lysianne Léchot, crea su propio trip, un pasaje de “la repetición de la música sintética a la armonía de la clásica”.
(Diego Trerotola)
Ce sont des paroles d’Artaud qui insufflent le mouvement du film, basé, lui, sur le visage d’une femme, filmée en cinq parties et pendant une heure, sous tous les angles imaginables de la lumière, qui est surexposée, aveuglante, éclatante.
(Joseph Morder, Cinéma 81, n° 267)
Aditya est exemplaire. Gérard Courant filme une femme dans un espace détruit, ruines de maisons, de hangars, qui montre son visage à la lumière du soleil. Au travers d'un parcours initiatique en cinq phases : la barbarie, la délivrance, la raison, le voyage, l'harmonie, la femme reconstruit l'espace autour d 'elle, par la lumière. La lumière, substance même du film, transforme le visage de la femme, le colore, en change les lignes et les volumes ; cette transformation de l’image est un signe de cheminement intérieur qui aboutit à un équilibre, à une grâce, à l’harmonie. La musique de ce très beau film évolue en parallèle aux images dans le sens d'un passage à la musique synthétique répétitive à la musique classique harmonique.
(Lysianne Léchot, 1983)
Un très beau film de Gérard Courant. Une construction parfaite. Une fascination totale. Mieux abouti que Je meurs de soif, j'étouffe, je ne puis crier... en particulier dans l'utilisation de la musique mais aussi dans la progression "dramatique". Il n'y a plus seulement une vision en profondeur, un dépassement de voyeurisme du visage et de la personnalité dans la durée, mais une évolution dans le temps.
(François Ramasse, 1980)
Un poème cinématographique magique dédié à un visage de femme superbe, celui de Martine Elzingre.
(Le Journal du Jura, 1983)
Travail d’une grande sensibilité sur le visage d’une femme et son éclairage. Rythme, cadrage, musique forment un univers envoûtant.
(Jean Douchet, Catalogue du Festival Cinéma en Marge à la Porte de la Suisse, février 1980)
En cinq parties, donc en suivant une certaine progression « dramatique », dans laquelle la durée est un élément fondamental, recréation d’un univers cinématographique entièrement autonome qui fonctionne sur la fascination d’un visage féminin mis en représentation dans plusieurs environnements. Par des éclairages appropriés et différentes musiques envahissantes, un envoûtement se produit qui ne lâche plus le spectateur jusqu’à la fin de la projection. C’est du cinéma dont le mérite essentiel est de nous apprendre à mieux regarder, à épuiser une image jusque dans ses plus infimes détails, et, par là même, à dépasser l’apparence pour aller vers la réalité intérieure.
(Jaques Dutoit, Catalogue du Festival Cinéma en Marge à la Porte de la Suisse à Paris, février 1980)
Gérard Courant, après son Je meurs de soif, j'étouffe, je ne puis crier... montre qu’il a encore du souffle en réalisant un Aditya qui est très beau.
(Dominique Noguez, La Revue d’esthétique n° 3/4, 1980)
Le superbe Aditya présenté à la dernière Biennale de Paris.
(Canal, 1980)
Die Cahiers du Cinema sagen von dem Filmemacher und Journalist Gerard Courant, seine Filme stellten so etwas dar wie eine neue « new wave » : auf Super-8 in einer Atmosphâre von Zersetzung und Verfall gedreht, nimmt sein Film Aditya seinen Ausgangspunkt am gleichnamigen Projekt von Antonin Artaud, dessen Prinzip von Zerstörung in der Geburt des Neuen kulminiert. An der Pariser Cinematheque sind die Filme von Courant als wichtige formale une inhaltliche Weiterentwicklungen des Experimentalfilms bereits vorgestellt worden. Aditya läuft heute um 19 Uhr im Arsenal.
(Florian Hopf, Berlinaletip, 29 février 1980)
Aditya est un très personnel « chant d’amour » dédié à un visage.
(Raphaël Bassan, La Revue du cinéma, n° 359, 1980)
Ainsi ce film de Gérard Courant où ne sont filmés que des paysages semi-urbains voués à la démolition et une très jolie jeune femme que mon voisin a immédiatement élu Miss Digne 1980.
(François Cuel, Cinématographe, n° 58)
Dominique Païni : Il suo lavoro di critico sembra accordarsi male con l’idea di improvvisazione che lei mette in atto in tutti i suoi film.
Gerard Courant : Improvviso, certo, ma con meteriali che sono in me da sempre, o perlomeno da molto tempo. Per anni si raccolgono cose di ogni genere che si depositano in noi. Poi, durante le riprese, improvvisamente, riaffiorano, vengono fuori. Cosi ho cominciato Aditya. Avevo un’idea précisa del luogo delle riprese – uno spazio di case completemente distrutte nel 13° arrondisement a Parigi – ; per il resto, dovevo far si che la mia eroina comunicasse con il décor, senza sapere in anticipo dove avremmo girato esattamente, poiché, ogni giorno, un’altra casa cadeva sotto i colpi dei demolitori. Tanto che, verso la méta del film, tutto era raso al suolo. Ho interrotto le riprese. Poi, ho pensato che si dovesse cambiare décor. Dopo alcune ricerche, ho scoperto un quatiere nel 20° arrondissement, dietro il cimitero del Père Lachaise, una Parigi di un’altra epoca che mi sembrava completemante staccata dal resto della capitale. Come uno spazio in attesta di giudizio. In sospeso. Tra la vita e la morte. Tra la vita e la distruzione. Era un décor di sogno dal momento cheil soggetto del film, interamente iscritto all’interno di queste frasi di Antonin Artaud che introducono il film, è : « Il sole (Aditya è il nome del sole in Sanscrito), per impiegare l’antico linguaggio dei simboli, appare come una forza che garantisce la vita. Non è soltanto l’elemento fecondante, il sovrano agente della germinazione : esso è tutto ciò, fa maturare tutto quel che esiste, ma si tratta, per cosi dire, della piú banale fra le sue facoltà. Esso brucia, calcina, élimina, ma non distrugge tutto ciò che sopprime. Sotto l’ammucchiarsi delle cose distrutte, e grazie a questa stessa distruzione, mantiene l’eternità delle forze che consentono di conservare la vita. Insomma – e in ciò consite l’autentico segreto – il principio è un principio di morte e non di vita. L’essenza dell’antica cultura solare sta nell’aver mostrato la supremazia della morte ».
(Entretien avec Dominique Païni, Visuel (Torino, Italia), n°7, 1983)
Dominique Païni : Votre travail de critique semble mal se marier avec l’idée d’improvisation que vous pratiquez dans la plupart de vos films.
Gérard Courant : J’improvise, bien sûr, mais avec des matériaux qui sont en moi depuis toujours, du moins depuis longtemps. Pendant des années, on recueille toutes sortes de choses qui sont complètement en soi. Et puis, au moment du tournage, tout d’un coup, ça jaillit. Aditya a été commencé de la sorte. J’avais une idée précise du lieu de tournage — un espace de maisons en partie détruit dans le 13e arrondissement à Paris — et, pour le reste, il fallait que je fasse communier mon modèle avec le décor sans savoir, à l’avance, exactement où nous allions tourner car, chaque jour, une nouvelle maison tombait sous les pics des démolisseurs. À tel point qu’arrivé au milieu du film, l’espace était complètement rasé. J’ai arrêté le tournage. Puis, j’ai réfléchi : il fallait changer de décor. J’ai fait des repérages et j’ai découvert un quartier dans le 20e arrondissement derrière le cimetière du Père–Lachaise où survivait un Paris d’un autre temps, complètement détaché du reste de la capitale. Comme un espace en sursis. En suspens. Entre la vie et la mort. Entre la vie et la destruction. C’était un décor rêvé, puisqu’il était en harmonie avec le sujet d’Aditya, qui est entièrement inscrit à l’intérieur de ces quelques phrases d’Antonin Artaud placées en exergue du film que je me permets de vous lire entièrement : « Le soleil (je précise qu’Aditya est le nom du soleil en langue sanskrit), pour employer l’antique langage des symboles apparaît comme mainteneur de la vie. Il n’est pas seulement l’élément fécondant, le provocateur souverain de la germination : il est tout cela, il fait mûrir tout ce qui existe, mais c’est, si l’on peut dire, la moindre de ses facultés. Il brûle, il calcine, il élimine, mais il ne détruit pas tout ce qu’il supprime. Sous l’amoncellement des choses détruites et grâce à cette destruction elle–même, il maintient l’éternité des forces par lesquelles se conserve la vie. En un mot — et en cela consiste le véritable secret — le principe est un principe de mort et non un principe de vie. Le fond même de l’antique culture solaire est d’avoir montré la suprématie de la mort ».
Dominique Païni : C’était la première partie de votre tétralogie Le Jardin des Abymes. C’est une sorte de quête nostalgique d’une époque résolument perdue. Une sorte de Jardin d’Eden.
Gérard Courant : Pas seulement. Le projet du Jardin des Abymes est de traiter la question suivante : si l’on veut faire du nouveau, on ne peut pas faire table rase du passé. Quand je place en exergue de She’s a very nice lady, le dernier mouvement de la tétralogie la maxime chère à Luis Buñuel : « Tout ce qui n’est pas de la tradition est du plagiat », je ne fais que synthétiser le sujet des quatre films.
Dominique Païni : Quelle fonction accordez–vous à chaque élément de votre tétralogie ?
Gérard Courant : Dans Aditya, je reconstruis cinématographiquement (et symboliquement) un espace détruit. Coeur bleu, sa suite, est conçu sur le modèle inverse. À partir d’un espace entièrement construit — les Pyrénées dans la région de Font Romeu — je m’amuse à le détruire pour en arriver à le pulvériser, à l’anéantir. Vivre est une solution part d’un lieu existant — les abords du canal Saint–Martin à Paris, où la vie essaie de demeurer telle qu’elle fut avant que les promoteurs immobiliers commencent à le détruire.
Enfin, She’s a very nice lady, tourné à New York, n’est plus que de la représentation. Un monde de ténèbres. Ou plus de monde du tout. Tout est détruit. Le dernier Dieu, pardon, je devrais dire, la dernière Déesse, c’est l’image de la star Gene Tierney.
Si j’ai fait cette tétralogie, c’est aussi parce que j’ai tourné très vite. 4 jours pour Coeur bleu, 3 pour Vivre est une solution. Mais tout cela n’est pas une règle puisque je tourne actuellement deux films sur une longue durée : Cinématon et Passions sur une vie. La durée du tournage doit être en accord avec le sujet.
(Entretien avec Dominique Païni, Visuel (Torino, Italia), n°7, juin 1983)
Cet aspect typique et fameux de son oeuvre (...) ne doit pas laisser dans l’ombre la réussite de longs-métrages singuliers, radicalement contemplatifs (Aditya, 1980) portrait d’un inépuisable visage de femme pendant 65 minutes).
(Dictionnaire Larousse du cinéma)
Gérard Courant a également réalisé des films lyriques et hypnotiques autour du visage et de la présence de quelques femmes, stars de l’underground moderne, mises en parallèle avec des icônes du cinéma hollywoodien. L’exemple le plus ambitieux de cette veine est constitué par la tétralogie Le Jardin des abymes, qui comprend Aditya (1980, avec Martine Elzingre), Coeur bleu (1980, avec Gina Lola Benzina), Vivre est une solution (1980) et She’s a very nice lady (1982).
(Encyclopaedia Universalis, 2005)
(…) Ce côté « science fiction », on le retrouve dans ces deux films datés de 1980 que sont Cœur bleu (dédié à Abel Gance) et Aditya (placé sous l’égide d’Artaud). Un carton nous annonce d’ailleurs au début de Cœur bleu que l’action se déroule « longtemps après la destruction du monde » tandis que les paysages dévastés d’Adytia donnent la même impression.
Ces deux films tournés en Super 8 peuvent se résumer de manière très basique : une femme, des paysages. Paysage ruraux dans Cœur bleu (les Pyrénées) ou friches urbaines dans Aditya et des visages que Courant filme comme des paysages (et vice-versa).
Il ne faut pas ensuite vouloir trouver des « scénarios » dans ces films impressionnistes qui cherchent avant tout à filmer le présent dans ce qu’il a de plus fugace (les reflets d’un cours d’eau, une lumière sur un visage…). Encore une fois, le cinéaste enregistre des « traces » dans un univers où toute vie humaine semble avoir disparu.
(…) Même principe dans Aditya, film divisé en cinq parties. De la première (« la barbarie ») à la dernière (« l’harmonie »), il y a tout un trajet qu’effectue le cinéaste du paysage au visage. Dans un premier temps, il ausculte l’état catastrophique du monde en filmant des friches urbaines (maisons dévastées, carcasses de voitures rouillées…). Là encore, il fait œuvre « d’archéologue » en ce sens que ce film tourné « au présent » nous met dans la peau d’un spectateur le découvrant un siècle plus tard (c’est déjà visible dans les derniers films de Courant mais c’est encore plus flagrant dans ces films qui datent d’il y a 30 ans).
Nous y voyons un monde dévasté, où ne subsiste plus aucune trace de vie humaine. Reste alors les étapes (« la délivrance », « la raison » et « le voyage ») qui nous mènerons vers la femme (Martine Ezingre, qui a parfois de faux airs de Mireille Perrier) et son visage.
Lorsque Courant filme « l’harmonie », il n’a jamais été aussi proche des films « muets » de Garrel et cette symphonie de gros plans sur un visage, par le jeu du cadre, des éclairages, se révèle tout à fait fascinante.
Reste à espérer que ces films soient un jour distribués et montrés (…) afin qu’on saisisse tout l’intérêt de l’œuvre de Courant hors de son célèbre Cinématon…
(Docteur Orlof, Le blog du Dr Orlof 16 février 2010)
Un viaje quebrado en cinco partes, desde la barbarie a la armonía, siempre a través de espacios de destrucción. Aunque también es la historia del matrimonio entre una mujer, Martine Elzingre, y el sol, que en la antigua cultura solar es a la vez fuente de vida y de muerte. O tal vez, propone Courant, Aditya también sea la historia de un sueño. Algo así como un tránsito onírico femenino que puede verse alternativamente como un ensayo sobre la luz cinematográfica. A partir del ojo viajero de la cámara de Super 8 de Courant, lúcida y libérrima como siempre, se abre el obturador para iniciar la década del ochenta con la primera parte de uno de sus proyectos seriales, la tetralogía Le Jardin des Abymes. A partir de composiciones que van de Steve Reich a Vivaldi, de Philip Glass a Santana, la banda sonora, como señaló Lysianne Léchot, crea su propio trip, un pasaje de “la repetición de la música sintética a la armonía de la clásica”.
(Chan Tejedor, Taller de Cine, 2012)
This is, indeed, one of the most beautiful movies I've ever seen. Thanks a lot for uploading this one.
(Eskorbutin89, 29 avril 2012)
Au-delà des Cinématons qui en sont la forme la plus évidente, la plupart des films de Gérard Courant – les Carnets filmés comme les films de fiction – sont en fait des portraits de personnes et/ou de lieux. Le très beau Aditya, par exemple, où pendant 65 minutes nous explorons un visage de femme dans tous les cadrages, sous tous les éclairages, avec toutes les transformations, les déformations qu'on n'a jamais imaginées au cinéma, mais que l'on connaît bien en peinture chez tous les grands portraitistes du XIXème siècle.
(Josiane Scoleri, 2014)
Les émotions rythment les plans et le film (N.B. : Coeur bleu), l’émotion apportée par le visage semble primer sur tout le reste. Il semblerait qu’il faille comprendre cette œuvre comme un vecteur émotionnel hors de tout résonnement.
Mais c’est d’autant plus visible dans le premier film de la tétralogie Aditya, où Gérard Courant filme une femme dans un espace détruit, aux vues de ruines de maisons et de hangars. La jeune femme réalise tout le long du film un parcours initiatique en cinq phases : la barbarie, la délivrance, la raison, le voyage, l’harmonie. Le cinéaste va reconstruire cinématographiquement, mais aussi symboliquement cet espace détruit par la figure féminine elle-même. Elle peut le reconstruire par et grâce à la lumière. C’est cette même lumière qui devient substance du film. Il est intéressant de voir qu’Aditya est le nom du soleil en sanskrit. Cette lumière dans laquelle baigne la femme transforme le visage de cette dernière, elle le colore, elle en change les lignes, les volumes.
Une véritable progression dramatique s’installe tout au long du film, accentuée par les cinq parties constituant le film. Il y a une évolution dans le temps. La durée devient alors un élément fondamental. Permettant de créer un univers cinématographique autonome qui va fonctionner sur la fascination d’un visage féminin (Martine Elzingre). Grâce aux cadrages, les musiques, mais aussi le jeu des éclairages, un envoûtement se créé. (...)
La fascination semble bien caractériser la production filmique de Gérard Courant. Le portrait semble alors être l’une des seules choses qui ne s’essouffle jamais. En cela, Gérard Courant se rapproche du cinéma muet de Garrel, avec cette symphonie de gros plans sur un visage, grâce aux cadres choisis et aux jeux d’éclairages. L’importance de l’émotion, qu’elle soit celle du visage où du paysage prend, le pas sur la narration du film. Le dialogue est alors intérieur. Comme l’est le rêve, l’image devient l’élément le plus important dans un film. La recherche est avant tout de filmer le présent dans ce qu’il a de plus fugace, comme la photographie le faisait avant le cinématographe. Ainsi, le cinéaste enregistre des « traces » dans un univers où toute vie humaine semble avoir disparu. Mais la vraie problématique de Gérard Courant, réside dans la problématique que posent la photographie et le cinéma. Cette ambivalence qui existe entre représentation et authentification. Courant va jouer sur cette dernière en rendant ses œuvres plus photographiques que cinématographiques. Le direct va alors devenir un élément essentiel de son travail, l’improvisation devient alors le maître mot. Chaque plan, chaque film est alors un instant unique comme l’est le photogramme en photographie, Moholy-Nagy déclarait alors à ce propos : « le photogramme, c’est l’essence même de la photographie ». Le terme de photogramme est aussi utilisé par le cinématographe. Il signifie la plus petite unité de prise de vue, l’image indivisible dont la succession, vingt-quatre fois par seconde, crée la continuité filmique. Ainsi, la photographie et le cinéma reproduisent à l’infini ce qui n’a eu lieu qu’une seule fois. Ils répètent mécaniquement ce qui ne pourra plus se répéter existentiellement.
(Estelle Pajot, L’oeuvre filmée de Gérard Courant, Université de Bourgogne, UFR Sciences Humaines et Sociales, Département Histoire de l’Art et Archéologie, sous la direction de Isabelle Marinone, 2014)
Nelikau abejinga Gérard Courant, prancūzų eksperimentinio kino atstovo, šedevruiAditya. Sanksrito kalboje aditya reiškia saulę. Filmo siužetas paprastas - trumpaplaukė moteris keliauja po apleistas miesto vietas ir gaudo saulės spindulius. Žiūrovas stebi jos apšviesto veido mimikų kaitą, kuri išduoda, jog šviesa leidžia moteriai transformuoti aplink save erdvę…
Paprastai neturiu kantrybės ištęstiems šizoidiniams ilgametražiams, tačiau šis eksperimentas sužavėjo. Atradau asmeninę paralelę su savo erdvės transformacijom. Objektyvu gaudydama šviesą, įamžinu erdvės kitimo procesą. Čia mano aditya tik priemonė, išlaužianti atvaizdą, apgyvendintą bevardžių personažų bevardėse aplinkose.
(Praejimo Nera, 11 mai 2014)
On ne peut pas être indifférent à Gérard Courant, cinéaste français expérimental et à Aditya, son œuvre la plus représentative. En langue sanskri, « Aditya » signifie « soleil ». L'intrigue du film est simple : une femme aux cheveux courts parcourt des zones désertes de la ville, attrape et attire les rayons du soleil sur elle. Le spectateur suit les expressions de son visage lumineux qui change au gré de la lumière et permet à la femme de transformer l'espace autour d’elle...
Habituellement, je n'ai pas la patience de regarder des longs métrages statiques et contemplatifs, mais cette expérience a été fascinante. Je découvre un parallèle personnel avec la transformation d’un espace. L'objectif du film de Gérard Courant est de capturer la lumière, de perpétuer le processus de changement de l'espace.
(Praejimo Nera, 11 mai 2014)
One of my favorites of all time!
(Ryan Biehl, Facebook, 26 juillet 2016)
Ce film rend bien l'atmosphère d'une poésie incroyable.
(Nacer cinéaste, YouTube, 6 décembre 2019)
Somptueux !
(Naser Baby, YouTube, 7 avril 2021)
Steve Reich est le meilleur choix pour ressentir la chaleur du soleil magnifiant la beauté d'une femme à travers une caméra super 8.
(Thundard, Letteboxd, 22 janvier 200)
Immaculate Steve Reich Super 8 vibes I'm chillin.
(Christian Molenaar, Letterboxd, May 17, 2022)
Like many avant-garde works, Gérard Courant's Aditya (1980) which is the first part of the Tetralogy "Le Jardin des Abymes" will be difficult to put into words. I haven't seen much of his recent works and i' m glad he remains active churning out shorts, documentary till this day. It will be a tough chore to count all the titles in his filmography even with four hands.
Coming to Adytia, there will be very few who will make it till the end of the film and identify with Martine Elzingre. The dream of exploring the bodily identity with the sun chains the five fragments that make up the film. It is divided into five parts; 1) barbarism 2) deliverance 3) reason 4) journey 5) harmony with transitions between one event and another in different space and works more like a sensory art piece rather than a film. It is supported with sumptuous score that adds to the film's sensory layers, by turns melancholic, discordant, joyful and triumphant. It opens with note that it is dedicated to Teo Hernandez and Gaël Badaud. The story borrows heavily from their works and invites comparison with Maria Klonaris Selva. A Portrait of Parvaneh Navaï (1983). There's some amazing camerawork with best use elegantly extended tracking shots, close-ups, lapses and it's appeal seems best to niche cinephiles who relish avant-garde filmmaking techniques.
(samxxxul, IMDb, February 14, 2022)
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