image du film.LA NEIGE TREMBLAIT SUR LES ARBRES

Année : 1981. Durée : 1 H 19'

Fiche technique :
Réalisation, image, partition sonore, montage : Gérard Courant.
Interprète : Martine Elzingre, Gérard Courant.
Production : K.O.C.K. Production, Gérard Courant, Martine Elzingre.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : 13 et 14 juin 1981 à Puteaux dans le quartier de La Défense (France).
Format d’origine : Super 8 mm.
Pellicule : Kodachrome.
Format de projection : Vidéo.
Procédé : Couleur.
Collection publique : BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).
Première projection publique : 7 avril 1984, Galerie Donguy à Paris (France).
Principaux lieux de diffusion :
-Galerie Donguy, Paris (France) 1984.
-Galerie Dazibao à Montréal (Canada) 1986.
-Cinémathèque Française, Paris (France) 1991.
-Gulf Film Festival, Dubaï (Émirats Arabes Unis) 2011.
-Site YouTube, 2012.
Prix, récompense, distinction, palmarès :
-Fait partie de la liste de 371 films, Priority, établie par Anesthetize, site Letterboxd (Nouvelle Zélande), 2019.

Présentation >>>

Ce deuxième film avec Martine Elzingre est très différent du premier que nous avions fait ensemble (c'était Aditya, un an et demi plus tôt). La Neige tremblait sur les arbres n'est plus un film sur le soleil (comme l'était Aditya) mais un film sur la lumière. Nuance !

L'acteur principal du film n'est pas Martine Elzingre mais bien le quartier de la Défense, près de Paris. Un quartier d'affaires qui s'est voulu une copie de Wall Street à Manhattan et dont la particularité est d'avoir, en son milieu, un immense parvis réservé aux uniques piétons.

Le film s'amuse à casser la géométrie des lignes droites et à bouleverser l'architecture, moderne et déshumanisée, du lieu. Mais, peu à peu, le film montre des îlots de poésie et de résistance qui naissent ici et là. Des adolescents ont transformé une pelouse en terrain de football, des enfants ont investi un bassin qu'ils ont fait piscine, des promeneurs font la sieste sur un banc, des oiseaux se sont installés dans cet univers de béton, des chiens peuvent courir en toute liberté sur le vaste parvis, etc.

(Gérard Courant)

A Ciné-poem – An impressionist ballad in the early 80’s.

(G. C.)

Critique >>>

ENTRE LA PHOTOGRAPHIE ET LE CINÉMA

Et si Gérard Courant avait non seulement des idées, mais de la suite dans celles-ci ? Et si, des Cinématons à ses courts et longs métrages, se dégageait une démarche cohérente, importante, voire capitale (comme la peine du même nom) ? À savoir : l’exploration de cette frontière toujours ouverte entre la photo et le cinéma, l’image fixe et l’image animée. En d’autres termes : l’exploration, à travers la fragmentation et la répétition du mouvement, de la fameuse ontologie du cinématographe (si bien dégagée par André Bazin). Et si c’était « le travail de la mort » que traquait partout et toujours plus avant notre croque-morts ? En allant voir ce qui se trame entre l’image fixe et le plan, entre un donné et un devenir. Entre la photographie, où la mort est comme inscrite en différé, et le cinéma, où on peut la voir travailler en direct.

On comprendrait dès lors mieux pourquoi, dans sa prime jeunesse, Courant consacra un livre à Werner Schroeter (tiens !) et un autre à Philippe Garrel (tiens, tiens !) : deux réalisateurs hantés, chacun à leur manière, par ce « travail de la mort » que le cinéma est à même d’enregistrer et de restituer.

(Fabrice Revault d’Allonnes, Art Press, 1989)



ACCUMULATION ET VARIATION

Un "ciné-poème", selon la désignation de son auteur, presque exclusivement tourné sur l'esplanade de La Défense, quartier d'affaires proche de Paris. Sur un rythme répétitif, des vues des tours de verre et d'acier, des reflets, l'horizon, le périphérique, des passants, des sculptures, fontaines, jets d'eau, ..., se succèdent dans des ambiances lumineuses variées. Le visage d'une femme posant devant l'objectif traverse ce décor.

Accompagné, le plus souvent, par la musique pour orgue de Jean-Sébastien Bach (par moment reprise au synthétiseur), le collage expérimental de Gérard Courant est construit comme un repérage, un inventaire, une accumulation et une variation.

(Loïc Bages, Forum des images, 2009)



THE KULESHOVIAN DILEMMA

Takes on the Antonioni modernist dystopia of anxiety around the alienation of bodies and privileges the small moments of embodiment within the urban sprawl. People walk about, birds fly, and children play, yet human presence is still dwarfed by its creations (buildings, highways, manicured plaza gardens) so Courant periodically catches himself filming in the building’s window, if only to confirm that there is indeed a human being behind the mechanical eye. His companion Martine Elzingre stares openly into her reflection as well, yet her reserved gaze is as much an affirmation of human embodiment as it is an extension of the city looking out onto itself. A reflected face in the mirror without a source - the Kuleshovian dilemma - inevitably projects the world back onto itself like an ouroboros simulacrum.

Courant’s camera is like Elzingre's gaze, staring out in search of a reverse shot which the towers of glass and metal cannot afford them. Thus the camera is perpetually grounded, looking from outside up at the surrounding buildings, never from inside their walls. This view is fragmented so he structures the film as a feature-length montage of splintered frames shifting about restlessly in clipped stop-motion. Graphic cuts convey the overlaying poetry to the industrial intersection between nature and infrastructure: Water fountain ripples cut to sunlight streaks across office windows, which then cut to ascending stairways and so forth. However every transient moment of poetry is couched in the corners of the cold dispassionate landscape, much like the gently tinkling bells echoing amidst the cavernous reverberations of wind. Small moments of beauty scattered across the labyrinthian business district.

(Arkheia, Letterboxd, 20 August, 2018)

 


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