Année : 1982. Durée : 1 H 02'
Fiche technique :
Réalisation, concept, image, son, effets spéciaux : Gérard Courant.
Musique : Pink Floyd.
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Interprétation : Bulle Ogier.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : 29 juin 1982 à Paris (France).
Format : Vidéo.
Cadre : 4/3.
Procédé : Couleur.
Collection publique :
BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).
Cinémathèque de Bourgogne-Jean Douchet, Dijon (France).
Sortie DVD : Mai 2016, éditions L'Harmattan, Paris (France).
Dédicace : Le film est dédié à Pascale Ogier.
En juin et juillet 1982, Gérard Courant a animé et produit Radiomaton, six émissions de cinéma sur la station Radio Ark en Ciel. Il a consacré celle du 29 juin 1982 à la grande comédienne de cinéma et de théâtre, Bulle Ogier.
Bulle Ogier sur Radio Ark en Ciel est la captation sonore de cette rencontre que le cinéaste a ensuite illustrée de photos, affiches, couvertures de revues et magazines, programmes, invitations de films et de pièces interprétés par la comédienne.
Bulle Ogier parle de ses débuts au théâtre avec le metteur en scène Marc’O et des pièces qu’il a mises en scène avec elle : Le Printemps (1963), Les Playgirls (1964), Les Bargasses (1965) et Les Idoles (1966) et du dernier spectacle auquel elle a participé, Grand et petit (1982) de Botho Strauss, mis en scène au TNP de Villeurbanne par Claude Régy.
La comédienne s’arrête longuement sur certains de ses rôles au cinéma : Les Idoles (1967) de Marc’O, L’Amour fou (1968) de Jacques Rivette, Paulina s'en va (1969) d'André Téchiné, La Salamandre (1971) d’Alain Tanner, Le Charme discret de la bourgeoisie (1972) de Luis Bunuel, La Vallée (1972) de Barbet Schroeder, Des journées entières dans les arbres (1976) de Marguerite Duras, Sérail (1976) de Eduardo de Gregorio, La Troisième génération (1979) de Rainer Werner Fassbinder, Weisse Reise (1980) de Werner Schroeter et Notre Dame de la Croisette (1981) de Daniel Schmid.
Elle raconte également quelques anecdotes de sa vie d’actrice. En particulier son invitation à Los Angeles pour la remise des Oscars 1973 où elle avait 3 films (La Salamandre, Le Charme discret de la bourgeoisie, Rendez-vous à Bray) nommés dans la catégorie du « meilleur film étranger ». C’est le film de Bunuel qui reçut l’Oscar.
À la fois secrète et sensuelle, belle et étrange, Bulle Ogier est l’une des figures emblématiques du cinéma d’auteur de la fin des années 1960 au début du XXIème siècle.
Bulle Ogier invitée d'un Radiomaton de Gérard Courant le 29 juin 1982 sur Radio Ark en Ciel. Par contre, aussi étrange que cela paraisse, elle n'eut pas droit à son Cinématon.
(Federico, DVDClassik, 20 janvier 2014)
J’ignore quand Gérard Courant a eu l’idée de ses carnets filmés mais il est certain que le cinéaste a eu très tôt l’intuition qu’il fallait conserver précieusement ses archives et qu’elles constitueraient une part essentielle de son œuvre. Si je précise cela en guise d’introduction, c’est que les premiers carnets filmés du cinéaste précèdent ses débuts de réalisateur et sont donc sans images. C’est, par exemple, une simple bande-son de l’enregistrement de débats avec Philippe Garrel à Digne en 1975 qui composera l’essentiel de son premier carnet.
En 1982, Courant a déjà tourné plusieurs films et lancé sa célèbre série Cinématon.
Il exerce également le métier de critique et anime une émission à la radio (sur Radio Ark en ciel, une « radio libre » comme on disait à l’époque) consacrée au cinéma. Plusieurs de ces émissions donneront lieu à des carnets filmés, notamment celle qui nous intéresse aujourd’hui avec la grande Bulle Ogier. Là encore, il s’agit donc d’une bande-son d’une heure (plages musicales -Pink Floyd- comprises) que Gérard Courant a illustrée par un patchwork de photos, d’affiches, de couvertures de magazines.
On l’aura compris, l’intérêt de ce carnet filmé est avant tout « historique » dans la mesure où il donne à écouter pendant une heure une immense comédienne qui est l’incarnation même d’un certain pan du cinéma né dans le sillage de Mai 68. Libérée des contraintes de « l’actualité » (Bulle Ogier n’est pas là pour défendre un film), la comédienne revient sur sa carrière, ses débuts au théâtre avec Marc'O, sa rencontre –déterminante- avec Rivette puis évoque ses expériences avec Alain Tanner (La Salamandre fut le film qui la « lança » vraiment), Barbet Schroeder (quelques anecdotes savoureuses sur le tournage épique de La Vallée), Luis Buñuel , Marguerite Duras ainsi que la « bande allemande » qui l’adopta : Werner Schroeter, Rainer Werner Fassbinder, Daniel Schmid…
Comme intervieweur, Gérard Courant se contente de relancer la balle, de poser des questions très générales pour laisser son invitée parler en toute liberté. Sa méthode est assez caractéristique de son cinéma : parvenir à s’effacer totalement face aux gens qu’il filme ou qu’il interroge tout en étant omniprésent et en réalisant, en loucedé, son propre autoportrait. Parce que Bulle Ogier incarne une des icônes de sa génération, égérie d’un cinéma (la « post-nouvelle-vague ») libéré de tous les carcans en vigueur et qu’elle symbolise parfaitement un art à la première personne vers lequel Courant a toujours tendu.
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son émission s’appelait radiomaton, une manière comme une autre de prolonger son Cinématon en faisant le portrait d’une personnalité incarnant à merveille toute une génération ou une certaine idée du cinéma (il recevra ses complices Joseph Morder, Téo Hernandez…). Au cours du carnet, on apprend d'ailleurs que le cinéaste avait reçu, la semaine précédente (en reste-t-il des traces ?) Carole Bouquet qui, comme par hasard, a également tourné avec Buñuel et Schroeter.
Loin de toute promotion, Bulle Ogier sur Radio Ark en ciel est un beau portrait d’une comédienne unique et un document « historique » absolument passionnant…
(Vincent Roussel, Le journal cinéma du Dr Orlof, 11 juillet 2016)
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