Année : 2013. Durée : 1 H 25'
Fiche technique :
Réalisation, concept, image, son, montage : Gérard Courant.
Interprétation : Joseph Morder, Alexandra Stewart, Andy Gillet, Lou Cezon, Benjamin Chartier, Mickaël Medard, Marie Famulicki, Sarah Lequoy, Wen Long, Jean-Claude Moireau, Arthur G. Paux, Dorian Pirot, Marie Prual, Mathieu Vigouroux.
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : 10 juin 2013 à Stains (France).
Version : Française.
Format : Vidéo Mini-DV.
Cadre : 4/3.
Procédé : Couleur et Noir et blanc.
Collection publique : BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).
Sortie DVD : Mars 2016, éditions L'Harmattan, Paris (France).
Dédicace : Le film est dédié à Hela Morder.
Joseph Morder tourne « La Duchesse de Varsovie » est une visite de Gérard Courant sur le tournage du film La Duchesse de Varsovie (avec Alexandra Stewart et Andy Gillet) de Joseph Morder.
Gérard Courant, qui a réalisé ce film en une journée, s’est intéressé à une seule séquence du film de Morder qu’il a filmée sous toutes ses coutures.
Le film est un témoignage précieux sur le travail d’un cinéaste exigeant entouré de son équipe et de ses acteurs.
Une des caractéristiques de l’impressionnant « journal filmé » de Gérard Courant, c’est sa profonde disparité. Même si l’ensemble forme un tout cohérent, chaque Carnet filmé possède sa forme bien spécifique. Certains se révèlent très formalistes (un plan-séquence d’une heure, par exemple) tandis que d’autres se rapprochent du « cinéma amateur », par exemple dans le cas qui nous intéresse, cette partie d’Octobre 2014 à Paris où Courant filme les festivités ayant eu lieu au moment de l’avant-première de La Duchesse de Varsovie.
Cela pourrait ressembler à un repas d’anniversaire filmé au caméscope par un oncle affable sauf qu’il y a ici un véritable travail sur le cadre et le montage. De plus, obsédé par l’idée d’enregistrer des traces de la vie culturelle de notre époque, Courant parvient à saisir des moments qui deviennent presque immédiatement mythiques, notamment lorsqu’il réunit devant sa caméra les rohmériennes Marie Rivière et Rosette et que la première entonne la chanson d’Anouk Aimée dans Lola de Demy.
Joseph Morder tourne la Duchesse de Varsovie pourrait n’être qu’un simple making-of. Gérard Courant s’est rendu sur le tournage du long-métrage de son vieil ami et complice Morder et il a enregistré ce qui se passait sur le plateau. Mais alors qu’un « making of » formaté cherche avant tout à montrer les temps « forts » du tournage, quitte à agrémenter les scènes de l’équipe au travail par des interviews ou des anecdotes , Courant choisit l’effacement et n’hésite pas à filmer des temps morts, des détails du studio, le silence…
En optant pour ce principe, le cinéaste prend le risque d’ennuyer le spectateur mais, d’un autre côté, il traduit avec beaucoup plus de justesse la réalité d’un tournage : beaucoup d’attente, de gens qui s’affairent chacun dans leur coin, un travail de fourmi qui finira par donner naissance à une œuvre…
Par sa discrétion, Courant parvient aussi à saisir de très beaux moments rares : un gros plan magnifique sur le visage concentré d’Alexandra Stewart, une discussion entre Joseph Morder et son chef-opérateur sur la netteté de la tour Eiffel à l’arrière-plan. Comme dans Cinématon, par sa patience, le cinéaste parvient à mettre à nu la personnalité du « modèle » qu’il filme. Ainsi, derrière ses sourires, sa gentillesse et son sens de l’écoute, on sent chez Morder une volonté de fer (ne pas céder sur la profondeur de champ à laquelle il reste attaché) et une conscience aigüe de l’œuvre qu’il est en train de réaliser. Ces quelques minutes extraordinaires justifient, à mon sens, l’existence de ce Carnet filmé qui décortique ensuite, sous tous les angles, l’exécution d’une scène (Andy Gillet et Alexandra Stewart qui fument sur un balcon) en train d’être tournée.
Témoignage précieux autant que notes griffonnées dans un journal intime, Joseph Morder tourne La Duchesse de Varsovie rejoint les préoccupations d’un Jonas Mekas filmant ses proches et la petite communauté artistique dans laquelle il évoluait. Courant et Morder se connaissent depuis très longtemps, leurs pratiques du cinéma ont souvent été assez proches et il y a quelque chose d’assez touchant de voir ici Courant suivre son « compagnon de route » œuvrant désormais dans un circuit plus « classique ».
Comme un codicille amical à son très beau Journal de Joseph M…
(Vincent Roussel, Le Blog du Dr Orlof, 20 juillet 2016)
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