image du film.LES FUNÉRAILLES DE MARCEL HANOUN AU PÈRE-LACHAISE À PARIS (CARNET FILMÉ : 3 octobre 2012)

Année : 2012. Durée : 29'

Fiche technique :
Réalisation, concept, image, son : Gérard Courant.
Interprétation : Nicole Brenez, Jean-Paul Dupuis, Maria Faustino, Maria Landau, Joseph Morder, Olivier Pierre, Jacques Richard, Prosper Hillairet, Valérie Maës.
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : 3 octobre 2012 à Paris (France)
Version : Française.
Format : Vidéo Mini-DV.
Cadre : 4/3.
Procédé : Noir et blanc et Couleur.
Première diffusion publique : 18 octobre 2012, Site YouTube.
Collections publiques :
BnF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
Cinémathèque de Bourgogne-Jean Douchet, Dijon (France).
Prix, récompenses, distinctions, palmarès :
-Fait partie de la liste de 33 films, taphophilia, établie par lin, site Letterboxd (Nouvelle Zélande), 2019.
-Fait partie de la liste de 77 films, Grave Digress, établie par 0, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2020.
Dédicace : Le film est dédié à Maria Landau et à Estelle Courtois.

Présentation >>>

Compagnon de route de Gérard Courant, le ciné-poète Marcel Hanoun est décédé le 22 septembre 2012 à Créteil (France).

Pour ses Carnets filmés, Gérard Courant a filmé ses funérailles au cimetière du Père-Lachaise à Paris (France) qui eurent lieu le 3 octobre 2012.

Critique >>>

GÉRARD COURANT S'ÉTONNE QUE LES CINÉASTES NE FILMENT PAS LES FUNÉRAILLES DE MARCEL HANOUN

J’ai assisté aux funérailles de Marcel Hanoun. Lorsque je suis arrivé au Père-Lachaise, Gérard Courant faisait tourner sa petite caméra pour enregistrer la cérémonie. Il me dit : « C’est étrange que personne ne filme. Il y a beaucoup de cinéastes ici ». Le cinéaste des Carnets filmés ajoute qu’il a déjà réalisé un film en mémoire de Marcel Hanoun. Il prépare donc un deuxième opus afin de garder un souvenir de son compagnon de route.

(Kenturo Sudoh, La Furia Umana, 3 octobre 2012)



MERCI ET BRAVO

Je viens de visionner ton film sur les Funérailles de Marcel Hanoun, J'ai bien aimé la palette de couleur, la musique qui donne vie et fait oublier les longs discours de certains. J'ai bien aimé le plan qui revient, deux fois je crois sur Marcel de ton Cinématon, que je trouve très réussi et la fin avec le café et ce que tu dis... Merci et bravo !

(Maria Faustino, 18 octobre 2012)



HOMMAGE À MARCEL HANOUN

Au risque de se répéter, il faut redire ici à quel point le cinéma de Gérard Courant constituera pour les historiens du futur une mine d'or incroyable. On le constate souvent trop tard, malheureusement lorsque qu'une personnalité finit par disparaître. Il y a peu, c'est encore vers Cinématon que je me suis tourné pour rendre hommage aux regrettés Philipe Bordier (et si on rééditait ses films, soit dit en passant ?) ou Bigas Luna. C'est en 1979 que Marcel Hanoun se fait filmer pour la mythique série de Courant : il y présente un visage paisible, fixant la caméra super 8 en profitant du soleil. A la fin du portrait, il sort un appareil photo et prend quelques clichés de son « filmeur ». (...)

Au moment de sa mort, Gérard Courant a poursuivi cet hommage avec trois films : un court-métrage où défile un montage d'images en Super 8 du tournage du Journal de Joseph M pendant que s'élève la déchirante chanson de Léo Ferré Avec le temps (In mémoriam Marcel Hanoun), une espèce de diaporama où le cinéaste illustre un texte qu'il avait consacré au film La nuit claire dans la revue Cinéma en 1979 (« La nuit claire » de Marcel Hanoun par Gérard Courant) et enfin, un Carnet filmé au moment des Funérailles de Marcel Hanoun au Père Lachaise à Paris.

Drôle d'idée que de filmer pendant un enterrement ! La première partie de ce court carnet (29 minutes) ne convainc d'ailleurs pas. Courant sur-impressionne les images et les sons de la cérémonie et on n'entend ni les témoignages, ni les hommages. On a du mal à saisir où il veut en venir. A la moitié du film, apparaît à la fois le visage en négatif de Marcel Hanoun (lors de son Cinématon) et celle de son cercueil (en surimpression). L'effet est saisissant et confère soudain au film une puissance mélancolique que l'on retrouvera ensuite lorsque le cinéaste se contentera de filmer des proches de Hanoun et de recueillir leur parole en prenant soin de ne jamais être indécent (la douleur n'est jamais exhibée de manière racoleuse).

Ainsi s'achève alors un chapitre du journal poétique de Gérard Courant : ces pages qu'il a consacrées à Marcel Hanoun, cinéaste singulier et novateur dont on finira bien un jour par redécouvrir l’œuvre...

(Docteur Orlof, Le Blog du Docteur Orlof, 17 mai 2013)



LE DÉSIR DE MÉMOIRE

Le mécanisme de reproduction que constitue la caméra, avant de devenir un instrument de représentation, reste pour Gérard Courant l’outil documentaire, celui de la trace. Le sentiment incisif, celui de la possibilité captatrice de la caméra renforce à considérer le cinéma comme un medium immortel. Dans le cinéma de Gérard Courant la mort cesse d’être absolue. Le cinématographe bouleverse tout, il nous permet ainsi de laisser des renseignements parfaitement précis sur les faits importants et les gens illustres. Le cinéaste envisage le cinéma comme un mécanisme résurrectionnel. Son cinéma témoigne, grave la mémoire, l’impressionne. La fabrication mais plus justement la reconstruction du souvenir passionne Gérard Courant. La mémoire est envisagée par ce dernier comme la faculté à conserver, à se rappeler des états de conscience passés. L’esprit est ainsi perçu en tant que souvenir du passé, en tant que représentation de celui-ci. Le cinéma devient alors l’instrument capable de transmettre aux générations futures les figures, les forces créatrices qui lui sont contemporaines. Seule la caméra pour le cinéaste, semble être capable de restituer la vérité. Faire du cinéma pour Gérard Courant c’est prendre acte d’une réalité documentaire. Le rapport permanent entre le réel et sa représentation est une force qui gère et cimente le cinéma de Gérard Courant. Créant ainsi une sorte de monde cinématographique qui transcende le réel.

Gérard Courant travaille sur les fragments de la mémoire, du souvenir par extension du passé. Il fait passer la mémoire dans l’oubli et fait revenir les souvenirs (ses souvenirs ?) par une nouvelle voie. Il s’agit d’attribuer à l’oubli la fonction positive « d’un sous-venir ». Il est intéressant d’opposer les termes « se souvenir » et « se rappeler ». « Se rappeler » semble d’avantage être lié aux facultés rationnelles, l’intelligence, la volonté etc. Tandis que « se souvenir » évoque plus un aspect involontaire, émotionnel. Les souvenirs son des éléments de la « vie intérieure », les souvenirs sont donc liés à l’affectivité, aux émotions. Un récit autobiographique qu’il soit écrit ou filmé relève de la mise en forme de ces souvenirs. Le souvenir permet incontestablement de conserver son passé. Dans la manière dont Gérard Courant conçoit les souvenirs, se rapproche étroitement de George Perec. Ce dernier évoque son besoin d’utiliser les souvenirs pour mieux comprendre le fonctionnement de « sa vie intérieure ».

C’est en 1979, que se fait filmer pour la première fois Marcel Hanoun par Gérard Courant. Le cinéaste réalise le Cinématon de son ami. Marcel Hanoun y présente un visage paisible, il semble profiter du soleil tout en fixant la caméra (Super 8) de Gérard Courant. Vers la fin des 3 minutes 25, Marcel Hanoun sort un appareil photo pour prendre quelques clichés de son « filmeur ». Gérard Courant ne cesse de filmer son ami, de lui rendre hommage, on le voit dans la série Portrait de groupe, Le Journal de Joseph M, Amours décolorées, etc. Le cinéaste lui rend un ultime hommage lorsque celui-ci décède en filmant ses funérailles. De ces prises de vues de la cérémonie, Gérard Courant réalise un film hommage, Les Funérailles de Marcel Hanoun au Père Lachaise à Paris. Le cinéaste sur-impressionne les images et les sons de la cérémonie, on distingue difficilement les témoignages et les hommages. À la moitié du film, apparaît pour la première fois le visage de Marcel Hanoun. Le visage est en négatif (vues de son Cinématon). Il est intéressant de voir l’utilisation du négatif par le cinéaste, créant ainsi la sensation que le défunt est ni présent, ni absent. L’entrelacement abstrait du négatif et de la surimpression laisse voir une intense mélancolie. Dans ce film Gérard Courant donne un nouveau sens à la mémoire, rejoignant l’idée de commémoration. À cette idée de commémoration, s’ajoute les souvenirs, la mémoire de Gérard Courant. Marcel Hanoun était un fidèle ami du cinéaste, en dressant le portrait « hommage » de son ami Gérard Courant dresse en parallèle son propre portrait. Il y a un dédoublement du temps vécu, le présent s’ouvre pour laisser apparaître son passé. Le passé est alors conçu et appréhendé par Gérard Courant comme une synthèse du temps, renforcé ici par la surimpression et le négatif, créant ainsi une distance spatio-temporelle. Distance nécessaire pour que le spectateur puisse investir ce bloc mémoriel de ses propres souvenirs. Dans son film Là-bas, une autre partie des Carnets filmés, Gérard Courant clôt toute une époque, l’œil de la caméra pose un regard nostalgique sur un territoire cinématographique qui disparaît. « Là-bas, c’est maintenant très loin car le rouleau compresseur du progrès interdit tout retour en arrière technologique pour mieux imposer des gadgets inutiles », voilà comment Gérard Courant définit son film. Une fois de plus le cinéaste met en avant l’effacement d’un passé laissant place à un futur, à un nouveau monde où l’image n’a jamais été aussi fragile et fugitive.

(Estelle Pajot, L’oeuvre filmée de Gérard Courant, Université de Bourgogne, UFR Sciences Humaines et Sociales, Département Histoire de l’Art et Archéologie, sous la direction d’Isabelle Marinone, 2014)



DE TOUTE BEAUTÉ

Merci à Gérard Courant pour ce magnifik hommage et qui a filmé Eric Marais, dit Ratbeg, le graphologue des artistes et des écrivains... à son insu... De toute beauté ce fil(m) .. Merci à vous.

(Eric Marais, Facebook, 25 juin 2016)




 


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