image du film.LOVE SONG SAD I

Année : 2011. Durée : 3' 18''

Fiche technique :
Réalisation, conception, montage : Gérard Courant (à partir de The Servant de Joseph Losey).
Interprétation : Dirk Bogarde, James Fox (dans The Servant de Joseph Losey).
Chanson : Élisa Point, Léonard Lasry.
Paroles : Élisa Point.
Musique : Élisa Point.
Production (film) : Les Amis de Cinématon, La Fondation Gérard Courant.
Production (chanson) : Élisa Point.
Diffusion (film) : Les Amis de Cinématon.
Diffusion (chanson) : monimpossible.com
Fabrication : Août 2011 à Montreuil-sous-Bois (France).
Format : Vidéo.
Cadre : 1,66.
Procédé : Noir et blanc.
Collection publique : BNF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
Première diffusion publique : 3 février 2012, Cinéma Jean Vigo, Gennevilliers (France).
Principaux lieux de diffusion :
-Cinéma Jean Vigo, Gennevilliers (France), 2012.


Présentation >>>

Love Song Sad I est le clip de la chanson chantée par Élisa Point et Léonard Lasry.

La bande image est constituée par un extrait de The Servant, tourné en 1963 par Joseph Losey et interprété par Dirk Bogarde et James Fox.

Critique >>>

ÉLIXIR DE BEAUTÉ OU L’INTEMPOREL AU CINÉMA

Au départ, douze chansons choisies dans l’univers d’Élisa Point, douze titres au rendez-vous d’un écran : un jeu de pistes amoureux à suivre des yeux.

À l’arrivée, un trésor d’images éparpillées et recomposées par Gérard Courant, une célébration de l’indicible désir.

Une suite de petits films pour les oreilles interprétés en duo par Élisa Point et Léonard Lasry. Duel songeur entre deux voix pour atteindre ce qui se joue entre actrices et acteurs, ce qui leur échappe miraculeusement, à la vie comme au cinéma, dans l’instant silencieux qui les capture et les libère à jamais.

Cet état de grâce dans les gestes, les attitudes, les regards... Cet abandon sensuel s’offre à nous et immortalise la mémoire d’une jeunesse, toute la quintessence et la modernité des années soixante à retrouver, comme un secret perdu.

(Jean-Claude Moireau)



UNE DÉLICIEUSE SURPRISE

C’est une délicieuse surprise que ces 34 clips d’Élisa Point et ce voyage dans le cinéma que nous aimons et forge notre vie, la mienne un peu moins que la tienne, mais je m'y sens comme un poisson dans l'eau. Il y a vraiment des choses exquises. Je me suis rencardé sur Élisa et l'ai écouté sur You Tube, j'ai l'impression qu'elle atteint sa pleine maturité dans ces duos avec Léonard Lasry.

L’écrivain que je suis apprécie beaucoup les paroles. Il me semble que tu collabores depuis un bout de temps avec elle ? Je suis sûr que l'album et tes clips vont cartonner et ça me réjouit pour toi...

(Jean Azarel, 6 janvier 2012)



ÉCOUTER SUR DES IMAGES ADORÉES DES MUSIQUES QUI NE LE SONT PAS MOINS

BB, nous la retrouvons dès le début du DVD compilant trente-quatre clips réalisés par Gérard Courant pour un album de duos d'Elisa Point et Léonard Lasry. Le principe suivi est, une nouvelle fois, simplissime : sur la durée d'une chanson est calée une séquence d'un film existant, connu ou pas. La plupart du temps, chaque chanson bénéficie de plusieurs clips (on peut aller jusqu'à quatre propositions différentes).

BB, donc, ouvre le bal de L'exception. "Libre" est chantée à quatre reprises, sur des images d'À cœur joie, d'Une ravissante idiote et du Repos du guerrier (pour deux séquences distinctes). Cette entrée en matière laisse sceptique. Est-ce à cause de la chanson, accompagnant de manière trop littérale le mythe Bardot ? Ou bien est-ce le temps d'adaptation nécessaire face au procédé d'une part et au style musical d'autre part, cette chanson pop à la Française chuchotée par deux voix se répondant de manière très... cinématographique (de fait, Elisa Point comme Léonard Lasry n'ont cessé, dans leur travail d'entrecroiser ces deux champs culturels que sont la musique et le cinéma) ?

Peu importe. Bientôt, le flux musical nous berce, les images l'accompagnant de mieux en mieux, qu'elles nous soient familières ou pas. Dans cette série, la réussite d'un clip ne tient en effet pas vraiment au statut que l'on donne à l'œuvre réappropriée par Courant, les images étant toutes, peu ou prou, magnifiées de la même façon. L'attachement à une chanson, à son rythme, à son phrasé, à son texte est plus important. Il conditionne le sentiment d'adéquation, d'enrichissement mutuel. Ainsi mes préférences vont à "Mais qui sommes-nous ?" (qu'elle s'étire sur le Blow up d'Antonioni ou le Monsieur Ripois de Clément), à "L'exception" et, si il ne fallait en choisir qu'une, à "Ta compagnie me manque" (surtout lorsqu'elle enrobe la tristesse de Gérard Philippe dans Une si jolie petite plage d'Yves Allégret).

Pour s'accorder à la durée, Gérard Courant peut condenser ou étirer les séquences qu'il a choisi, comme il peut les laisser défiler normalement ou en proposer un remontage. En accéléré, le grotesque du Servant de Losey est accentué, au ralenti, la beauté de Maria Schneider dans Profession reporter d'Antonioni est fixée. Ce voile musical posé sur des scènes aimées par le cinéaste sert à déifier des acteurs et surtout des actrices. A rendre hommage, aussi, à une certaine époque, voire à une certaine cinématographie (les années 60-70 et le cinéma italien sont très souvent convoqués).

De cette compilation, nous pouvons tirer quelques leçons sur le rythme musical et cinématographique, observer les endroits où ils se mêlent le mieux. Assurément, après l'évidence de la danse (toute chanson au lent tempo doit pouvoir "fonctionner" sur les images d'India song), viennent les duos amoureux, les échanges, les caches-caches et les déambulations. En mariant ces deux arts (l'un "majeur", l'autre "mineur" ?), Gérard Courant parvient à réaliser un nouvel hybride donnant à réfléchir sur la nature même du cinéma, fondement de sa démarche. Accessoirement, il réalise (même si, d'après ce que l'on peut voir depuis plusieurs années sur internet, il est loin d'être le seul) ce que nous sommes sans doute nombreux à fantasmer régulièrement : écouter sur des images adorées des musiques qui ne le sont pas moins.

(Édouard Sivière, Nightswimming, 18 septembre 2012)



 


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