image du film.MARILYN

Année : 2011. Durée : 1 H 08'

Fiche technique :
Réalisation, concept, montage, partition sonore : Gérard Courant (à partir de 15 films interprétés par Marilyn Monroe).
Production : Gérard Courant, Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Fabrication : janvier 1995 à juillet 2011 à Saint-Maurice (France) et Montreuil-sous-Bois (France).
Format : Vidéo.
Cadre : 1,33.
Procédé : Noir et blanc et Couleur.
Collection publique : BNF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
Première diffusion publique :
2 avril 2012, Site YouTube.
Principaux lieux de diffusion :
-Site YouTube, 2012.
Prix, récompenses :
-Fait partie de la liste de 62 films, Marilynsploitation, établie par Sasparilla Godzilla, site Letterboxd (Nouvelle Zélande), 2018.
-Fait partie de la liste de 10 films, Biographies, établie par JulieS29, site Letterboxd (Nouvelle Zélande), 2019.

Présentation >>>

Marilyn Monroe, de son vrai nom Norma Jeane Mortenson, est née le 1er juin 1926 à Los Angeles (Californie, Etats-Unis d’Amérique).

Marilyn Monroe débute au cinéma en 1947. Elle a tourné dans 32 films dont seulement 15 (dont We're Not Married, un film à sketches dans lequel on la retrouve dans un seul des cinq sketches et un film inachevé) où elle tient un rôle principal.

Elle interprète son premier grand rôle en 1949 dans un film à petit budget : Ladies of the Chorus de Phil Karlson.

Sa carrière cinématographique démarre réellement en 1952 avec Don’t Bother to Knock de Roy Ward Baker et surtout avec Niagara, réalisé quelques mois plus tard par Henry Hathaway.

Marilyn Monroe meurt à 36 ans le 5 août 1962 pendant le tournage de Something’s Got to Give de George Cukor.

Grâce aux rushes qui avaient été précieusement conservés, une version incomplète du film d’une durée de 36 minutes a été montée et montrée en 2001.

Marilyn propose de découvrir, par ordre chronologique de tournage, les 15 films dans lesquels la star tient un rôle principal sous la forme de compressions. Chaque film, réduit de 20 fois sa durée initiale, dure aux alentours de 4 minutes.

Marilyn est « compressé » à la manière d’une œuvre de César. Mais à la différence du travail de cet artiste qui compressait des objets usuels, cette compression réduit des objets purement artistiques.

Le tour de force et le pari de Marilyn a été de fabriquer une compression totale : dans cette anthologie consacrée à Marilyn Monroe, il ne manque pas un seul plan des 15 films originaux !

(Gérard Courant)

Liste des 15 films compressés avec Marilyn Monroe

Ladies of the Chorus (Phil Karlson, 1949)
We're Not Married ! (Sketch avec Marilyn Monroe, Edmund Goulding, 1952)
Don't Bother to Knock (Roy Ward Baker, 1952)
Niagara (Henry Hathaway, 1953)
Gentlemen Prefer Blondes (Howard Hawks, 1953)
How to Marry a Millionaire (Jean Negulesco, 1953)
River of No Return (Otto Preminger, 1954)
There's No Business Like Show Business (Walter Lang, 1954)
The Seven Year Itch (Billy Wilder, 1955)
Bus Stop (Joshua Logan, 1956)
The Prince and the Showgirl (Laurence Olivier, 1957)
Some Like It Hot (Billy Wilder, 1959)
Let's Make Love (George Cukor, 1960)
The Misfits (John Huston, 1961)
Something’s Got to Give (film inachevé, George Cukor, 1962)

Critique >>>

GÉRARD COURANT NE S'INTÉRESSE PLUS À L'ARTISTE MAIS À L'OEUVRE

Dans la série des Compressions, initiée en 1995, Gérard Courant ne s’intéresse plus à l’artiste mais à l’œuvre, qui devient un objet et un signe culturel au même titre que les produits de la société de consommation compressés par les Nouveaux Réalistes. Avec le sentiment d’appartenir à une cinéphilie en train de disparaître, qui a découvert le cinéma dans les années 1960 avant que ne déferle le flot d’images et de médias, quand il était encore possible d’en avoir une vision synthétique, il entend revisiter les classiques sous forme de digests, condensés, réduits, mais sans qu’il ne manque un seul plan.

Commencée en 1965 par Alphaville de Jean-Luc Godard, créé trente ans plus tôt, la série des Compressions se poursuit. (…) En isolant et en montrant bout à bout une image par seconde de film, Gérard Courant livre une compression de procédé rationnel et systématique, à contre-courant de la perception subjective du film par le spectateur, de « l’expérience esthétique ». La réduction (…) éloigne l’œuvre de la forme sous laquelle elle persiste dans les mémoires individuelle et collective, qui tendent à isoler quelques images iconiques comme autant de vignettes métonymiques (…) et à dilater la durée de certains passages pour en condenser d’autres. Mettant en évidence la structure de l’œuvre initiale, la compression, dépouillée de tout affect, la donne à voir autrement.

(Judith Revault d’Allonnes, catalogue Chefs-d’œuvre ?, Centre Pompidou-Metz, mai 2010)



MARILYN MONROE PAR GÉRARD COURANT

En l'an de grâce 2012, il n'aura échappé à personne que l'on a célébré, façon d'écrire, le cinquantenaire de la disparition de Marilyn Monroe. Nous aurons donc eu droit à tout, une déferlante de publications avec de jolis numéros spéciaux sur papier glacé, les dessins de Marilyn, les poèmes de Marilyn, les carnets secrets de Marilyn, les photographies de Marilyn, les notes de blanchisserie de Marilyn. Un peut tout, beaucoup n'importe quoi, avec quelque chose qui hérisse le poil du cinéphile bien né, la mise en retrait de l'essentiel : ses films. Ceci participant d'une tentative pénible de faire de Marilyn autre chose que Marilyn, c'est à dire une actrice de cinéma du Hollywood avant le déclin des années 60, capable accessoirement de chanter, danser et réfléchir sur son statut de star qu'elle eu du mal à gérer. Ce statut qui l'a transformée en objet médiatique lui causa bien des ennuis de son vivant. La malédiction est aujourd'hui loin d'être levée, alors que son image s'étale jusqu'à l’écœurement et que chacun, essayant d'être plus malin que l'autre, tente d'imposer une nouvelle image sur celles qui existent déjà. Comme Martine, Marilyn est tour à tour femme émancipée, modèle audacieux, humoriste, grande tragédienne contrariée, productrice, intellectuelle refoulée, gauchiste, peintre, poétesse, auto-analyste, nymphomane, victime d'un complot, fantôme dans un hôtel, mais moi qui ai bien connu le petit cousin du chauffeur de sa coiffeuse, je sais qu'en vérité, elle rêvait d'enfiler le costume de Godzilla.

Dans ces conditions, il est bon de revenir aux fondamentaux et au bel hommage que lui rend Gérard Courant dans sa compression Marilyn datant de 2011. Parmi les nombreux procédés qu'il utilise pour travailler les images, les siennes comme celles des autres, il y a ce principe de la compression, inspiré par les sculptures de César ou les accumulations d'Arman. Pour Marilyn, Courant a compressé les 15 films où Marilyn Monroe tient le ou l'un des rôles principaux. Ces 15 films, ce qui à la réflexion n'est pas tant, sont l'essence de la carrière de Marilyn, son parcours et son art, tout entier. Compressés à un rapport de 1/20, l'ensemble dure 68 minutes. Ceux qui se sont déjà amusés à utiliser les fonctions d'accélérations de leurs lecteurs (VHS, DVD ou autre) se sont déjà rendu compte de ce que l'exercice pouvait avoir de révélateur. Structure, dominantes chromatiques, richesse des plans, présence d'un acteur, un film compressé en quatre minutes est bien révélateur au sens chimique du mot. Sur la durée, la compression de Gérard Courant des titres majeurs de Marilyn Monroe dessine un étonnant parcours de quinze années de l'histoire de Hollywood, de Ladies of the chorus (Les reines du music-hall – 1948) de Phil Karlson à Something got to give (1962) inachevé par George Cukor. Filant sur les vents du temps, l'on voit les premières productions en noir et blanc de format classique, l'arrivée de la couleur sur le Niagara (1953) de Henry Hathaway puis l'élargissement de l'écran au CinémaScope, l'intermède anglais avec Laurence Olivier puis l'hommage en noir et blanc de Billy Wilder, l'image plus moderne du film de John Huston, avant de revenir aux comédies sophistiquées du début des années 60. Se superpose à l'aventure de Marilyn une histoire du Hollywood de l'époque. Marilyn est Hollywood, star et actrice, spectacle et art, there is no business like show business. Et puis, comme on pouvait s'y attendre, son image règne. Par éclairs, les gros plans percent le flot accéléré des images et imposent son extraordinaire présence, son visage en premier lieu, adoré de la caméra, et puis toutes ces images qui ont construit le mythe : Le rouge à lèvre de Niagara, la guêpière de River of no return (La rivière sans retour – 1954), la robe blanche de Seven year itch (Sept ans de réflexion – 1955), le pull de Let's make love (Le milliardaire – 1960). La compression réalisée par Gérard Courant fait sentir à la fois le dérisoire du mythe et sa force irrésistible, manière originale de revenir une fois de plus sur ces films si souvent vus, jamais oubliés.

En forme de coda à cette compression, on se fera plaisir avec un petit court de trois minutes, In Memoriam Marilyn, que Gérard Courant réalise cette année sur un principe opposé. Court, utilisant le ralenti et des scènes du tournage de l'ultime film inachevé de Cukor. Sur les images d'une Marilyn nue et libre, se pose sa voix interprétant Kiss, chanson du film Niagara. Courant reprend ici plusieurs de ses procédés favoris qui nous ramènent à ses collections de clips pour Elisa Point et Léonard Lasry, variations sur des scènes de films qu'il aime, ainsi qu'à ses images ralenties de Gene Tierney dans She's a very nice lady, film de 1982 qui utilisait déjà la scène de Niagara. La boucle est une forme qu'affectionne le cinéaste. Impossible pour moi de ne pas rapprocher les visages des deux stars sortant de l'eau en un ralenti émouvant faisait éclater leur beauté comme leur humanité. En revenant à l'actrice au travail, dans la joie, Gérard Courant revient à l’essentiel de Marilyn. Qu'il en soit ici remercié. Et l'on pourra toujours rêver au Cinématon qu'il aurait pu faire avec elle.

(Vincent Jourdan, Inisfree Hautetfort, 17 octobre 2012)

 


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