image du film.VIVRE À NAPLES ET MOURIR (ENTRETIEN AVEC WERNER SCHROETER) (CARNET FILMÉ : 20 mai 1978)

Année : 1978. Durée : 1 H 25'

Fiche technique :
Réalisation, concept, image, son, effets spéciaux : Gérard Courant.
Production : Gérard Courant, Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, La Fondation Gérard Courant.
Voix : Werner Schroeter, Jean-Claude Moireau, Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Enregistrement : 20 mai 1978 à Cannes (France).
Format : Vidéo DV.
Cadre : 4/3.
Procédé : Couleur.
Collections publiques :
-BnF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
-Cinémathèque de Bourgogne-Jean Douchet, Dijon (France).
Première projection publique :
16 janvier 2011, Centre Pompidou, Paris (France).
Principaux lieux de diffusion :
-Centre Pompidou, Paris (France), 2011.
-Festival d'Automne, Paris (France), 2011.
-Site YouTube, 2017.
Sorties DVD :
-Éditions L’Harmattan, Paris (France), juillet 2012.
-Édition Filmmuseum, Munich (Allemagne), 2013.
Prix, récompenses, distinctions :
-Fait partie de la liste de 17 films, My Additions, établie par Kenny, pour le site Letterboxd (Nouvelle Zélande), 2016.
-Fait partie de la liste de 140 films (classé 88ème), The Greatest Films I Have Seen, établie par Edmund Von Danilovich, site Letterboxd (Nouvelle Zélande), 2019.
-Fait partie de la liste de 502 films, Watchlist, établie par Louis Mcleese, site Letterboxd (Nouvelle Zélande), 2019.
-Fait partie de la liste de 93 films, Windows 7, établie par M Kitchell, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2020.
-Fait partie de la liste de 482 films, '77 - '84 Master Watchlist, établie par M. Kitchell, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2021.
-Fait partie de la liste de 294 films, Torino, Cellole, Bologna, établie par Vernon Shukriu, site Mubi (Royaume-Uni), 2021.
Dédicace : Le film est dédié à Henri Langlois et Magdalena Montezuma.

Présentation >>>

Français

À l’occasion de la présentation du Règne de Naples (Nel Regno di Napoli), à la Quinzaine des Réalisateurs au festival de Cannes 1978, Werner Schroeter m’accorda un entretien audio pour parler de son film et de son œuvre en général. Cette rencontre se fit sur la terrasse de l’hôtel Majestic, dans l’effervescence de la vie festivalière cannoise, quelques jours après la projection du Règne de Naples et en présence du photographe Jean-Claude Moireau.

Vivre à Naples et mourir est la captation sonore de cette rencontre informelle réalisée le 20 mai 1978 et qui est, comme l’a désirée le cinéaste, plus proche d’une conversation à bâtons rompus que d’un entretien au sens strict du terme avec son jeu de questions-réponses.

Dans un deuxième temps, j’ai mis cette bande sonore en image en utilisant des photos, affiches, programmes, extraits des films de Werner Schroeter ainsi que des collages créés pour la circonstance.

Le cinéaste parle longuement du « film napolitain » (c’est ainsi qu’il l’appelle) et de ses autres poèmes cinématographiques : Eika Katappa (également filmé – en partie – à Naples), Salomé, Willow Springs, L’Ange noir, La Mort de Maria Malibran, Flocons d’or) sans oublier son théâtre (Mademoiselle Julie, Miss Sara Sampson, Salomé) et son opéra (Lohengrin).

Il s’explique aussi longuement sur ses méthodes de travail et de production tout en n’oubliant pas de parler du Mexique où il vivait au moment de ce dialogue et de ses problèmes avec la production du Règne de Naples. Il vante les mérites des cinéastes Pier Paolo Pasolini, Friedrich Wilhelm Murnau, Gregory Markopoulos, Rainer Werner Fassbinder et du cinéma allemand de l’après-guerre trop méconnu à son goût. Enfin, il raconte ses rapports avec quelques-unes de ses comédiennes fétiches : Magdalena Montezuma, Ingrid Caven et Bulle Ogier.

(Gérard Courant)

English

On the occasion of the premiere of Nel Regno di Napoli in Cannes in 1978, Werner Schroeter gave me an audio interview about this film and about his work in general. Our meeting took place on the terrace of the Hotel Majestic, in the midst of excitement of the Cannes festival life, a few days after the screening of Nel Regno di Napoli and in the presence of the photographer Jean-Claude Moireau. Vivre à Naples et mourir is the audio capture of that informal meeting that happened on 20 May 1978 and which is, as per director's wish, more like a casual conversation than an interview in the strict sense of the term (a set of questions and answers).

Critique >>>

DES ARCHIVES INCROYABLEMENT PRÉCIEUSES

Je vais vous parler aujourd’hui d’un film de Gérard Courant que vous pourrez voir en salles (enfin, les heureux parisiens !) puisque Vivre à Naples et mourir est projeté ce dimanche (à 15 heures) au Centre Georges Pompidou dans le cadre de la grande rétrospective Werner Schroeter. Grand amateur du cinéaste allemand (Courant lui a consacré un livre en 1982 et a organisé une rencontre aujourd’hui mythique entre l’auteur de La mort de Maria Malibran et Michel Foucault), il le rencontre à Cannes en 1978 à l’occasion de la présentation du Règne de Naples. Comme les films qu’il a pu consacrer à Garrel, il s’agit uniquement d’un enregistrement sonore de la conversation entre le cinéaste et le jeune cinéphile qui commençait alors à tourner ses propres films.

Pour accompagner les traces sonores de cette rencontre, Courant a composé un collage habile où se mêlent des extraits des films de Schroeter, des images d’archives, diverses photos et mêmes quelques extraits de ses propres Cinématons.

Avouons-le : il n’est pas aisé de « rentrer » dans le film dans la mesure où la conversation a été enregistrée à la terrasse de l’hôtel Majestic et que la voix monocorde de Schroeter (qui parle un français impeccable ou presque) est parasitée par un bruit de fond un poil agaçant (verres qui tintent, brouhahas des clients, etc.).

Mais peu à peu, on finit par oublier la qualité assez moyenne de la bande-son pour écouter le cinéaste parler de l’évolution de son style, de ses comédiens ou de ses confrères (s’il a de l’estime pour Fassbinder chez qui il a tourné, notamment dans Le monde sur le fil qui vient d’être réédité, il est en revanche assez sévère à l’égard de Syberberg qui « ne l’intéresse pas »).

Vivre à Naples et mourir prouve une fois de plus que le cinéma et Gérard Courant sont nés beaucoup trop tard. Le rêve du cinéaste, j’en suis persuadé, aurait été de pouvoir naître un siècle plus tôt et de conserver des traces des causeries dans les salons littéraires de la fin du XIXème siècle, y filmer Zola, les Goncourt, Daudet ; enregistrer les débats et disputes au sein des divers journaux parisiens, conserver quelque part les voix des orateurs anarchistes ou l’ambiance de petites réunions clandestines…

Il y a dans Vivre à Naples et mourir cette immédiate conscience de vivre un instant privilégié qui mérite d’être conservé pour la postérité.

En conversant avec Schroeter, il se pose davantage en complice et ami du cinéaste qu’en tant que journaliste réalisant une émission de radio. A ce titre, le moment que je préfère est peut-être celui où c’est Schroeter qui finit par interroger le jeune homme sur ses réalisations cinématographiques et où celui-ci explique qu’il a filmé quelques portraits d’amis de manière expérimentale.

Pouvait-il imaginer à cet instant que Cinématon, dont on voit quelques courts extraits, comporterait plus de 2330 portraits ?)

Ce renversement de position intervieweur/ interviewé ; on le retrouve dans Vincent Nordon, Roland Barthes et Ça/Cinéma. Alors que Nordon évoque depuis plus de 45 minutes ses souvenirs de jeunesse, il s’arrête pour poser des questions à Courant et l’écouter évoquer, hors champ, l’organisation de cette fameuse rencontre Schroeter/ Foucault (la boucle est bouclée !)

Si ses Carnets filmés me touchent autant, c’est qu’ils sont à la fois de précieux documents pour les historiens et pour les cinéphiles (cette conversation avec Nordon m’a semblé aussi passionnante que le célébrissime dialogue entre Debray et Daney filmé par Boutang) mais qu’ils renvoient également au « roman autobiographique » de Courant. S’il demande à Nordon d’évoquer les années 70 et les figures de Barthes, Metz, Joël Farges ou encore Marguerite Duras, c’est aussi parce que cette époque représente sa jeunesse et ses débuts de cinéaste (entre autres).

A l’instar des Cinématons, Courant parvient avec ses Carnets filmés à livrer des documents « objectifs », des archives incroyablement précieuses et, en creux, une sorte d’incessant autoportrait d’un homme de son temps…

(Docteur Orlof, Le Blog du Docteur Orlof, 14 janvier 2011)

L'EFFACEMENT DE LA PHOTO POUR LE POP ART

J'ai adoré ton montage notamment les superpositions d'images pop art et photographiques, visuellement je trouve ça très beau, l'effacement de la photo pour le pop art et l'inverse... C'est une très bonne idée.

(Marie Guibaud, 17 janvier 2011)

UN CONTREPOINT VISUEL QUI ÉCHAPPE À LA SIMPLE ILLUSTRATION

Vivre à Naples et mourir, présenté le 15 janvier 2010 à l’occasion de la Rétrospective Schroeter au Centre Pompidou, est un montage au cours duquel Gérard Courant nous fait entendre la bande enregistrée d’une longue conversation en français avec Schroeter (une heure et demie) réalisée au moment du passage de Nel regno di Napoli au Festival de Cannes de 1978 en l’accompagnant d’un contrepoint visuel (extraits de films, photos, textes) qui échappe à la simple illustration redondante. Schroeter y parle notamment de son travail théâtral, inconnu en France à l’époque.

(Claude Rieffel, Site Avoir-alire.com, 2013)

COURANT REND COMPTE, AVEC BONHEUR, DE L'UNIVERS VISUEL DE SCHROETER

Outre les films, les DVD proposent deux bonus : le commentaire filmé (16 mn) que fait le cinéaste après la projection de Nel regno di Napoli en octobre 1978 à la Cinémathèque de Vienne. Et surtout Vivre à Naples et mourir (87 mn) de Gérard Courant (créateur des Cinématons, il a consacré de nombreux travaux au cinéaste allemand), qui présente un montage d'images sur un long entretien audio en français du cinéaste et qui essaie, souvent avec bonheur, de rendre compte de l'univers visuel de Schroeter par des collages d'images fixes aux couleurs stridentes. Courant note : "Schroeter combine l'histoire de Naples et les histoires individuelles et familiales d'une communauté de déshérités des quartiers pauvres de la ville. L'opération schrotérienne de tournage révèle un profond respect des gens qu'il filme, et se transforme très souvent en amour, vertu rare du cinéma où règne le mépris.

(Jean A. Gili, Positif, n°651, mai 2015)

 


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