Année : 2009. Durée : 5'
Fiche technique :
Réalisation, conception, son, montage : Gérard Courant (à partir de La Mort de Maria Malibran de Werner Schroeter).
Production : Les Amis de Cinématon, Les Archives de l’Art Cinématonique, Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Fabrication : Février 2009 à Montreuil-sous-Bois (France).
Format : Vidéo Mini-DV.
Cadre : 1,33 (ou : 4/3).
Procédé : Couleur.
Collections publiques :
BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).
Cinémathèque de Bourgogne Jean Douchet, Dijon (France).
Première présentation publique : 2 décembre 2010, Centre Pompidou, Paris (France).
Principaux lieux de projection :
Centre Pompidou, Paris (France) 2010, 2011.
Festival d'Automne, Paris (France) 2010, 2011.
Maison de l’étudiant, Dijon (France) 2011.
BAFICI, Buenos Aires Festival Internacional de Cine Independiente, Buenos Aires (Argentine) 2012.
Compression La Mort de Maria Malibran est la réduction de La Mort de Maria Malibran de Werner Schroeter en un film de 5 minutes. Le film est « compressé » à la manière d’une œuvre d’Arman ou de César. Mais à la différence du travail de ces artistes qui compressaient des objets usuels, Compression La Mort de Maria Malibran compresse une œuvre d’art !
Le tour de force et le pari de Compression La Mort de Maria Malibran a été de fabriquer une compression totale : dans ce film, il ne manque pas un seul plan du film original !
(Gérard Courant)
Le décor, dans La Mort de Maria Malibran, est artificiel et théâtral. L’emploi presque systématique du gros plan sur fond noir, surtout dans la première partie, est bien destiné à détruire l’espace de la représentation et à anéantir la profondeur de champ. On fait souvent remarquer que les rares hommes de ce film sont travestis en femmes et l’on rappelle la surabondance des maquillages des actrices (et des acteurs travestis). Ces deux volontés esthétiques métissées par Schroeter dépassent largement l’anecdote car c’est, entre autres, par ces deux éléments que son film entretient des rapports conjugaux avec la peinture et le théâtre. Non pas le théâtre de boulevard mais, plus antiquement, le théâtre grec.
Qu’on ne s’y méprenne pas, cette fabuleuse galerie de visages dépasse le film d’acteurs : elle va au-delà. Elle est un documentaire de visages. Une larme s’éternisant sur la joue de Christine Kaufmann, des cils recouverts de maquillage ou des joues tendues par l’émotion composent une mise en visages qui font partie intégrante de l’action. Quand André Bazin, à propos de La Passion de Jeanne d’Arc, dont Maria Malibran (beaucoup plus proche du film de Dreyer que Palermo auquel il fut comparé) est un peu son inverse esthétique (et, au bout du compte, dans la passion, la mort et l’amour il y a une grande convergence de pensée qui lie les deux films) disait que, « dans ce drame vu au microscope, la nature toute entière palpite sous chaque pore de la peau. Le déplacement d’une ride, le pincement d’une lèvre sont les secousses sismiques et les marées, le flux et le reflux de cette époque humaine », ne décrivait-il pas les visages de Malibran suspendus par je ne sais quels fils invisibles ?
Mais la force cinématographique de Schroeter c’est de sortir des ombres pour aller retrouver la lumière en filmant des extérieurs, vrais ou faux, sereins ou tourmentés. La nature reconstruite à travers la caméra de Schroeter se meut en décor. Les décors de Malibran, miniaturisés et synthétisés, évoquent les décors de théâtre. En un sens, rien de plus réaliste que ce lac gelé ou cette forêt enneigée, mais tout est accentué, le lac est éclaboussé par un soleil couchant et éblouissant et la forêt est baignée par l’air de La Petite Tonkinoise.
C’est en ça, c’est par ces détails « accessoires » et apparemment contradictoires à la volonté esthétique de Schroeter qui confèrent à Malibran sa nature profondément cinématographique. Par cette maestria de la mise en scène, Schroeter cite le théâtre (et l’opéra) pour mieux les dépasser et faire de La Mort de Maria Malibran quelque chose d’inaccessible, comme un exemple inouï vers où le cinéma, via le théâtre, via l’opéra, peut trouver sa véritable grandeur.
(Gérard Courant, Werner Schroeter de Gérard Courant, éditions Goethe Institut et Cinémathèque Française, janvier 1982).
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