Année : 1979. Durée : 20'
Fiche technique :
Réalisation, montage : Gérard Courant.
Scénario : Gérard Courant (d’après La Victoire à l’ombre des ailes de Stanislas Rodanski).
Image (banc-titre) : Julien Pappé.
Fabrication : avril à juin 1979, dans les studios Magic Film à Meudon (France).
Production et distribution : Groupement de Recherches et d’Essais Cinématographiques.
Interprètes : Photographies de Marilyn Monroe, Marlène Dietrich, Adolf Hitler, Jean-Luc Godard, Josef von Sternberg, etc.
Voix off : Marie-Noëlle Kauffmann.
Format : 35 mm.
Cadre : 1,33.
Pellicule : Kodak.
Procédé : Noir et blanc. Sonore.
Première projection publique : 21 août 1979, Cinémathèque Française à Paris (France).
Principales manifestations :
-Cinémathèque Française à Paris (France) 1979, 1981, 1991.
-Festival La Colombe d’or à Saint Maur-des-Fossés (France) 1979.
-Rencontres Cinématographiques de Digne (France) 1980.
-Festival du Jeune Cinéma à Hyères (France) 1980.
-Rencontres Cinématographiques de Prades (France) 1980.
-Rencontres Cinématographiques d’Orléans (France) 1980.
-Festival du Court métrage à Épinay (France) 1980.
-Ciné-Off au Festival de Cannes (France) 1980.
-Rencontres de Marcigny (France) 1981.
-Festival d’Avignon (France) 1982.
-Rétrospective Écritures/Lectures à Hérouville-Saint-Clair (France) 1982.
-Télévision FR3 (France) 1983.
-C.A.C. Voltaire à Genève (Suisse) 1983.
-Cinémathèque Suisse à Lausanne (Suisse) 1983.
-Rencontres Cinéma et Littérature à Valence (France) 1984.
-Studio Molière à Vienne (Autriche) 1984.
-Gasteig à Munich (République Fédérale d’Allemagne) 1985.
-Cinéma ABC à La Chaux de Fonds (Suisse) 1986.
-Cinéma Studio 43 à Paris (France) 1986.
-Cinémathèque Québécoise à Montréal (Canada) 1986.
-Marché du film au Festival de Berlin (République Fédérale d’Allemagne) 1988.
-Semaine du Cinéma Expérimental à Madrid (Espagne) 1991.
-Festival Côté Court à Pantin (France) 2000.
-Musée d’art moderne et d’art contemporain à Strasbourg (France) 2001.
-Festival Histoire d’en rire, Cinéma des cinéastes à Paris (France) 2007.
-Site YouTube, 2013.
Un sanglant symbole, c'est deux films : le film de l'image et le film de la voix.
Le film de l'image a été tourné avant qu'existe le film de la voix.
Le film de l'image est la reproduction de 160 photographies (de films, de publicités, d'actualités...) filmées dans des durées variables (de plus en plus lentement, puis de plus en plus rapidement).
Qu'y voit-on ? Des regards. Des gestes de la main.
Et plus précisément ? Une tentative de répondre sur les pouvoirs de la représentation au cinéma jusqu'à son issue fatale (et inexorable) : la mort.
Le film de la voix n'était pas prévu. Il s'est imposé une fois le film de l'image commencé. Avec force. Ce sont dix pages d'extraits (sur les quarante) dits par Marie-Noëlle Kauffmann sur un mode mineur – voix trébuchante, dérapante, glissante – de l'une des nouvelles les plus désespérées écrite depuis la mort d'Artaud : La Victoire à l'ombre des ailes de Stanislas Rodanski. Le texte date de 1950.
Entre le film de l'image et le film de la voix, il y a parfaite autonomie. Mais des concordances ont parfois lieu, aussitôt suivies de ruptures. D'éloignements. Suite de va-et-vient entre les deux films.
Le film de la voix n'est pas un commentaire. Ni une voix off : en aucun cas cette voix n'a un tel statut et moins encore le caractère de pièce à conviction pour une meilleure compréhension du film. Au contraire, elle la pervertit, la dérange, l'inquiète.
(Gérard Courant)
Un sanglant symbole is two films: the film of the image and the film of the voice. The film of the image was shot before the film of the voice. The film of the image is the reproduction of 160 photographs (of films, advertisements, news …) filmed in variable durations (more and more slowly, then more and more quickly). What do we see? Looks. Hand gestures. The film of the voice is not a comment. Neither a voice-over: in no way does this voice have such a status and even less the character of an exhibit for a better understanding of the film. On the contrary, she perverts, disturbs, worries.
(Gérard Courant)
La photographie entre à petits pas à la télévision. Deux solutions de subsistance : soit l’image abrupte et son commentaire à vif (« je dis ce que je vois », système Varda – Une minute pour une image), soit l’image romancée et son texte imaginaire sans rapport immédiatement communicant l’illustration : c’est le système Gérard Courant retenu pour Un sanglant symbole. 160 photographies noir et blanc en banc-titre. Galerie du cinéma ou pinacothèque de stars, certaines obsessions insistent (les gestes, le mouvement), certains amours vont leur chemin : Marlène souvent, Marilyn beaucoup et, en incise humoristique, quelques Giscard, Barre et Chirac.
On peut choisir de s’arrêter à ce plaisir, pour redécouvrir certains clichés qu’on croyait pourtant usés d’avoir été trop regardés, pour dénicher aussi un détail parallèle : le téton flasque de Kirk Douglas, un somptueux bracelet-cabochon accessoirement porté par Dietrich, le regard noyé de Monroe. Mais Gérard Courant a pris le parti de redoubler le film de l’image par ce qu’il appelle « le film de la voix » : un texte torride extrait de La Victoire à l’ombre des ailes de Stanislas Rodanski (une sombre aventure d’aviation, de pilotes suicide, d’Honolulu et de femme-araignée). Du coup, un autre bonheur se lève : celui d’écouter en regardant pour bricoler ses intrigues privées.
(Gérard Lefort, Libération, 28 mai 1983)
C'est ton film plus noir que j'ai vu, c'est vraiment très bien, très loureedien, très opiacé (adjectifs qui, pour moi, sont le nec plus ultra).
(Paolo Spaziani, 23 janvier 2017)
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