Année : 1979. Durée : 10'
Fiche technique :
Réalisation, scénario, image, montage, production : Gérard Courant.
Photographe de plateau : Boris Lehman.
Aides : Abdou Achouba, Charles Chaboud, Serge Daney.
Son : Bruno Chaloin.
Interprète : José Pérez Ocaña.
Production : K.O.C.K. Production, Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : Février 1979 à Berlin-Ouest (République Fédérale d’Allemagne).
Format : Super 8 mm.
Pellicule : Kodachrome.
Cadre : 1,37 (ou 4/3).
Procédé : Couleur.
Version : Version originale espagnole sans sous-titre.
Collections publiques :
-MACBA, Museu d'Art Contemporani, Barcelona (Espana).
-Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofia, Madrid (Espana).
-Cinémathèque de Bourgogne Jean Douchet, Dijon (France).
Première projection publique : 4 avril 1979, Galerie de l’Ouvertür à Paris (France).
Principaux lieux de diffusion :
-Festival de Cannes, section Ciné Off (France), version muette avec performance d'Ocana, 1979.
-Festival de Cannes, section Ciné Off (France), version sonore, 1980.
-Festival International, Caracas (Venezuela), 1979.
-Galerie de l’Ouvertür, Paris (France), 1979, 1981.
-Cinémathèque Française, Paris (France), 1979, 1991.
-Cinémathèque de l’Arsenal, Berlin-Ouest (République Fédérale d’Allemagne), 1984.
-Cinéma Studio 43, Paris (France), 1986.
-Galerie La Rosa del Vietnam, Barcelone (Espagne), 2008.
-Blog La Rosa del Vietnam, Barcelone (Espagne), 2008.
-Cinemateca UGT, Séville (Espagne), 2010.
-Institut de Cultura, Barcelone (Espagne), 2010.
-Festival Toma Única, Madrid (Espagne), 2010.
-Institut Français, Madrid (Espagne), 2010.
-Montehermoso Centre, Vitoria-Gasteiz (Espagne), 2011.
-Site YouTube, 2012.
-BAFICI, Buenos Aires Festival Internacional de Cine Independiente, Buenos Aires (Argentine), 2012.
-Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía, Madrid (Espagne), 2012, 2014.
-Württembergischer Kunstverein, Stuttgart (Allemagne), 2012.
-MACBA, Museu d'Art Contemporani, Barcelone (Espagne), 2012, 2014.
-Total Museum of Contemporary Art, Séoul (Corée du Sud), 2013.
-El sol cuando es de noche, MACBA, Barcelone (Espagne), 2014.
-Es Baluard Museu d'Art Modern i Contemporani de Palma, Palma de Majorque (Espagne), 2018.
-Ateneu del Raval, Barcelone (Espagne), 2019.
-Salas Equis, Madrid (Espagne), 2019.
-Amil Lentejuela Cine Session, Lima (Pérou) 2019.
-Filmoteca de Andalucia, Cordoba (Espagne) 2019.
-Alarcon criado, Galeria de art contempraneo, Séville (Espagne), 2020.
-Schwules Museum, Berlin (Allemagne), 2022.
Prix, récompenses, palmarès :
-Fait partie de la liste de 640 films, Le dernier cri, établie par 12pt9, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2019.
-Fait partie de la liste de 46 films, LGBTQ+, établie par Anitabel, site Letterboxd (Nouvelle-Zélande), 2020.
Français
Un zoom avant de 10 minutes « emprisonne » Ocaña et l’effigie grandeur nature de Marilyn Monroe devant la porte de Brandebourg à Berlin-Ouest.
English
Ocaña was a painter and a performer from Andalucía who subverted the Spanish political transition with his urban outbursts in Barcelona. These interventions filled with queerness, criticism, and cries for freedom, where registered in a notorious documentary by Ventura Pons who prefigured most of Madrid’s cultural life. While visiting Berlin in order to promote Pons’ film, Ocaña became Courant’s accomplice, who captured his performative spirit in a Super 8 short film. That is how his destabilizing journey through the German capital transcended, to testify that there was more to Ocaña (who died prematurely in 1983) than his career as an actor in the margins of Spanish film industry. A decade before the fall of the Berlin wall, Ocaña’s transvestite theatricality in that divided Berlin prefigured the cult musical Hedwig and the Angry Inch and its ideas of a “trans” body as a place of political tension. Serge Daney was part of the film crew and one of whom was constantly celebrating and rooting for Ocaña to melt the cold city with his histrionic talent.
Espanol
Ocaña fue un pintor y performer andaluz que subvirtió la transición española con sus desbordes callejeros en Barcelona; formas de intervención urbana de su mariconería extrema, crítica y libertaria, que quedaron registradas en un célebre documental de Ventura Pons que prefiguró parte de la movida madrileña. En una visita a Berlín para presentar la película de Pons, Ocaña se convirtió en cómplice de Courant, que capturó su espíritu performático en un corto en Super 8. Así se extendió el tránsito desestabilizador por la capital alemana, quedando como documento de un Ocaña que se proyectó más allá de su carrera cinematográfica española como actor under antes de morir prematuramente en 1983. Una década antes de la caída del muro, la teatralidad travesti de Ocaña en ese Berlín dividido adelanta las ideas del cuerpo trans como lugar de tensión política del musical de culto Hedwig and the Angry Inch. El crítico Serge Daney fue parte del equipo de rodaje y uno de los que celebraban y animaban a Ocaña para que derrita el frío berlinés con su histriónico talento.
Vous choisissez une ville fascinante… Berlin… Vous vous installez face à un lieu chargé d’histoire… La porte de Brandebourg… Vous y amenez une personnalité hors du commun… Ocaña… et vous mélangez le tout… Vous agitez bien… Vous filmez… Résultat ? Un documentaire sur Berlin ? Pas vraiment. Sur Ocaña ? Rien n’est moins sûr. Et si c’était un documentaire sur Marilyn ? Gagné !
En ce début d’année 1979, quelque chose se transformait en moi et j’avais conscience que je devais orienter différemment ma recherche. Après mes nombreux films « minimaux » et « conceptuels », j’avais l’impression d’avoir fait le tour de cette démarche et j’avais un grand besoin d’air nouveau pour m’offrir à la fiction, une folle envie de mettre des personnages en scène, une volonté sincère de chercher un contact avec le public.
Je partais à Berlin en février à l’invitation du festival de cinéma en sachant qu’à mon retour à Paris je me lancerais dans l’aventure d’un long métrage en Super 8 mm que j’envisageais de « gonfler » ultérieurement en 16 mm. Je me plus immédiatement dans cette ville parce qu’elle n’essayait pas de cacher son artificialité comme le faisaient, avec une pointe de honte, beaucoup de villes européennes. Il fallait éblouir l’Est et tous les moyens étaient bons pour y parvenir. Bref, on en avait plein la vue et l’on savait pourquoi.
Je rencontrais la « colonie » espagnole présente au festival : le cinéaste Adolfo Arrieta, parisien d’adoption dont j’admirais les films, José Pérez Ocaña, ce peintre travesti andalou, auteur de nombreux scandales à Barcelone où il vivait, pour provocation sexuelle, à la fois sujet et interprète principal de Ocaña, retrat intermitent – le film était montré à Berlin – qui lui était entièrement consacré et, enfin, Ventura Pons, le réalisateur de ce film.
Je sympathisais rapidement avec chacune de ces personnalités et j’eus l’idée de rassembler les deux premiers dans un petit film qui serait à la fois un documentaire sur eux et une petite fiction satirique sur le mur de Berlin. Tous deux acceptèrent. J’eus alors l’idée de les accompagner d’une effigie grandeur nature en carton de Marilyn Monroe qui trônait, souriante, frêle et savoureuse, à l’entrée de plusieurs salles de cinéma à Berlin, en train de vendre des confiseries !
Après bien des vicissitudes dignes de l’extravagance d’Ocaña, nous partîmes sans Adolfo Arrieta qui nous dit, plus tard, avoir essayé de nous joindre à notre hôtel, où nous l’attendions, alors que le réceptionniste l’aurait (mal) informé de notre départ pour le tournage ! (Je n’ai jamais su si Adolfo disait la vérité mais je comprenais bien qu’il eût peut-être peur, avec raison, de se confronter au tempérament volcanique d’Ocaña qui aurait, par sa verve et son délire, débordé le calme d’Adolfo).
Petite parenthèse : quelques jours plus tard, je réalisais avec Adolfo un Cinématon très touchant, plein de sérénité, filmé dans un contre-jour. Une lumière hivernale, blanchâtre et enivrante, enveloppait son visage d’éternel adolescent.
Mais revenons à la scène de notre « théâtre ». Je l’avais choisi depuis que l’idée de film avait germé en moi : c’était la porte de Brandebourg, qui séparait les deux Berlin et que je connaissais seulement par la photographie et par le cinéma et qui serait l’unique lieu de tournage.
J’avais en mémoire les folles poursuites nocturnes de One, two, three de Billy Wilder où le cinéaste d’origine austro-hongroise passait à la moulinette de son humour impitoyable les Soviétiques, les Américains et les Allemands. Il y avait une séquence inoubliable où, pour appâter des agents secrets soviétiques benêts, les Américains avaient travesti l’un des leurs en femme. Je revois encore, au petit matin, ce travelo les jambes arquées, poilues et musclées traverser (quelques mois avant la construction du Mur) la porte de Brandebourg à la sauvette. Et j’avoue que l’idée d’un travesti franchissant en douce ce passage symbolique était une trouvaille de génie.
Était-ce en souvenirs de cette séquence que je prenais ce monument comme décor et sujet de mon film et un travesti comme protagoniste ? Comment répondre à une telle question ? On sait que les images, toutes les images, quand elles sont prenantes, ne se volatilisent pas d’un coup de baguette magique et puis, il n’y a pas de véritable hasard à ce que certaines idées et certaines images trouvent leur source dans un même lieu, un contexte identique ou une situation analogue.
J’étais un peu déçu quand j’arrivais sur les lieux du tournage car le Mur formait un coude devant la Porte pour nous en éloigner d’une bonne centaine de mètres. Je découvrais une estrade de bois provisoire, construite pour les touristes curieux d’apercevoir ce qui se cachait derrière le Mur, où Ocaña et ma Marilyn de carton pourraient satisfaire à leur exhibitionnisme. Ayant accumulé du retard, nous devions tourner vite car le jour commençait à tomber. Pour parvenir jusqu’à l’estrade, il fallait parcourir quelques dizaines de mètres rendus particulièrement difficiles par l’épaisse couche de neige qui recouvrait Berlin et ne pas trop s’appesantir car la température était presque sibérienne… et Ocaña, dans sa tenue estivale de femme andalouse risquait de prendre un sérieux coup de froid. Cette année-là, il y avait tant de neige que Berlin ressemblait plus à Moscou qu’à l’ancienne capitale du Reich.
Le critique de cinéma Serge Daney, les cinéastes Abdou Achouba, Charles Chaboud et Boris Lehman – ce dernier nous mitraillant de son Nikon – m’accompagnaient et encourageaient un Ocaña qui, bien que frigorifié, était très motivé. Il se mit à chanter très fort, bien que le film fût tourné en muet, pour tenter de se réchauffer.
La mise en scène était des plus simples : le film était constitué d’un seul plan, sans prise de son, d’abord large, montrant Ocaña et l’effigie de Marilyn devant la porte de Brandebourg, puis rétrécissant par un très lent zoom avant de dix minutes qui « emprisonne » les deux protagonistes pour finir sa course sur un gros plan d’Ocaña. Hors champ, mais ô combien présente, la police soviétique surveillait notre manœuvre et semblait prête à intervenir en cas d’écart de notre part.
Nous connûmes une vraie frayeur quand Ocaña, lançant une rose en direction du Mur, esquissa le geste d’aller la rechercher. Les vopos étaient prêts à ouvrir le feu !
Il restait à trouver un titre à cette pochade : ce fut Ocaña, der engel der in der qual singt (Ocaña, l’ange qui chante dans le supplice).
Trois mois plus tard, à l’occasion du Festival de Cannes, je retrouvais Ocaña et présentais le film au public de la Maison de la Culture dans le cadre de la manifestation Ciné-Off. J’eus alors le réflexe de demander au peintre catalan de venir post-synchroniser le film en direct dans la salle et de faire enregistrer sa prestation par un ami ingénieur du son. Tous deux acceptèrent. C’est ainsi que le jour dit, debout devant l’écran, Ocaña improvisa une partition sonore face à un public en délire, chantant, criant, vitupérant. Cette performance constitue, depuis ce jour de mai 1979, la bande-sonore du film.
Quelques années plus tard, j’appris sa mort, survenue dans une party à Cantillana, son village natal, où il périt accidentellement, brûlé vif dans sa tenue de travesti d’andalouse.
Même les anges meurent dans le supplice.
(Gérard Courant)
Escogéis una ciudad fascinante... Berlín... Os instaláis en un lugar cargado de historia... La Puerta de Brandeburgo... Lleváis hasta ahí a una personalidad fuera de lo común... Ocaña... Y lo mezcláis todo... Lo agitáis bien... Filmáis... ¿El resultado? ¿Un documental sobre Berlín? No del todo. ¿Sobre Ocaña? Para nada. ¿Y si fuese un documental sobre Marilyn? ¡Premio!
A principios de 1979, algo se transformaba en mí y sentía que debía orientar de otra manera mi búsqueda. Después de mis numerosos filmes “minimalistas” y “conceptuales”, consideraba que había cerrado un ciclo. Necesitaba aire fresco para entregarme a la ficción, tenía unas ganas locas de poner personajes en escena, una sincera voluntad de buscar un contacto con el público.
En febrero, fui a Berlín invitado por el festival de cine, sabiendo que a mi regreso a París me lanzaría a la aventura de un largometraje en Super 8 mm que, más tarde, pensaba “hinchar” a 16 mm. Inmediatamente, me sentí muy cómodo en esa ciudad, porque no intentaba esconder su artificialidad como hacían, con un asomo de vergüenza, muchas otras ciudades europeas. Había que deslumbrar al Este y, para conseguirlo, todos los medios eran buenos. En resumen, que los ojos no paraban quietos y sabías porqué.
Coincidí con la “colonia” española presente en el festival: el cineasta Adolfo Arrieta, parisino de adopción al que yo admiraba por sus películas; José Pérez Ocaña, el pintor travesti andaluz, protagonista de numerosos escándalos en Barcelona, donde vivía, por provocación sexual, a la vez tema e intérprete principal de “Ocaña, retrat intermitent” -el film se mostraba en Berlín-, que le estaba totalmente consagrado; y, finalmente, Ventura Pons, el director de la película.
No tardé en simpatizar con todas estas personalidades y tuve la idea de reunir a los dos primeros en un corto que sería un documental sobre ellos y, a su vez, una ficción satírica sobre el Muro de Berlín. Los dos aceptaron. Entonces se me ocurrió acompañarlos de una efigie tamaño natural en cartón de Marilyn Monroe que lucía, sonriente, frágil y deliciosa, en la entrada de varias salas de cine de Berlín, ¡vendiendo dulces !
Después de un buen puñado de vicisitudes dignas de la extravagancia de Ocaña, nos fuimos sin Adolfo Arrieta, que más tarde dijo haber intentado encontrarnos en nuestro hotel, donde lo esperábamos, ¡pero que el recepcionista lo había (mal) informado de nuestra partida hacia el rodaje!
(Nunca he sabido si Adolfo decía la verdad, pero entendía perfectamente que quizás tuvo miedo, y no sin razón, de confrontarse al temperamento volcánico de Ocaña, que con su verbo y su delirio, habría desbordado la calma de Adolfo.)
Pero volvamos a la escena de nuestro “teatro”. La escogí en el mismo instante que la idea del film germinó en mí: la Puerta de Brandeburgo, que separaba los dos Berlines y que sólo conocía en fotos y por el cine... Sería el único sitio del rodaje.
Venían a mi memoria las locas correrías nocturnas de One, two, three, de Billy Wilder, donde el cineasta de origen austrohúngaro pasaba por el molinillo de su humor despiadado a los soviéticos, los americanos y los alemanes. Había una secuencia inolvidable donde, para despistar a los agentes secretos soviéticos, los americanos travestían de mujer a uno de los suyos. Todavía lo veo, de madrugada, con las piernas arqueadas, peludas y musculosas, cruzando (meses antes de la construcción del Muro) la Puerta de Brandeburgo deprisa y corriendo. Reconozco que la idea de un travesti franqueando discretamente este paso simbólico es un hallazgo genial.
¿Fue recordando esta secuencia que cogí este monumento como decorado y tema de mi película y a un travesti como protagonista? ¿Cómo responder a esta pregunta? Sabemos que las imágenes, todas la imágenes, cuando son impactantes, no se volatilizan con un toque de varita mágica... Y, además, no es azaroso que ciertas ideas e imágenes tengan su fuente en un mismo lugar, un contexto idéntico o una situación análoga.
La llegada al sitio de rodaje fue un poco decepcionante, porque el Muro formaba un codo frente a la Puerta y nos alejaba de ella unos cien metros. Descubrí un estrado de madera provisional, construido para los turistas que sentían curiosidad por ver lo que se escondía detrás del Muro, donde Ocaña y mi Marilyn de cartón podrían satisfacer su exhibicionismo. Nos habíamos retrasado y tuvimos que filmar rápido, porque empezaba a atardecer. Para llegar hasta el estrado, teníamos que andar todavía unas cuantas decenas de metros, particularmente difíciles por la espesa capa de nieve que cubría todo Berlín, y no demorarse en ello, porque la temperatura era casi siberiana... Y Ocaña, con su vestido estival de andaluza, corría el riesgo de pillar un serio catarro. Ese año, había tanta nieve que Berlín parecía más bien Moscú que la antigua capital del Reich.
El crítico de cine Serge Daney, los cineastas Abdou Achouba, Charles Chaboud y Boris Lehman -que nos ametrallaba con su Nikon- me acompañaban y animaban a un Ocaña que, aunque congelado, estaba muy motivado. Se puso a cantar muy fuerte, aunque el film fuese mudo, para intentar quitarse el frío.
La dirección era de lo más simple: un sólo plano, sin toma de sonido, primero muy abierto, mostrando a Ocaña y la efigie de Marilyn frente a la Puerta de Brandeburgo, después el plano se iba cerrando con un zoom hacia delante, muy lento, de diez minutos que “aprisionaba” a los dos protagonistas, para terminar en un primer plano de Ocaña. Fuera de campo, ¡pero tan presente!, la policía soviética controlaba nuestras maniobras y parecía lista para intervenir en caso de un mal paso nuestro.
Sentimos un escalofrío cuando Ocaña, lanzando una rosa en dirección al Muro, hizo el gesto de irla a buscar... ¡Los VoPos estaban preparados para abrir fuego!
Sólo quedaba encontrar un título: fue Ocaña, der engel der in der qual singt (Ocaña, el ángel que canta en el suplicio).
Tres meses más tarde, en el Festival de Cannes, volví a coincidir con Ocaña y presenté el film al público de la Maison de la Culture en el marco del Ciné-off. Entonces tuve el reflejo de pedir al pintor que viniera a postsincronizar el film en directo en la sala y de hacerlo grabar por un amigo ingeniero de sonido [BRUNO CHALOIN]. Los dos aceptaron. Fue así como ese día, de pie frente a la pantalla, Ocaña improvisó una partitura sonora ante un público en delirio, cantando, gritando y vituperando. Esta performance constituye, desde ese mayo de 1979, la banda sonora del film.
Años más tarde, supe de su muerte, que le sobrevino a raíz de una fiesta en Cantillana, el pueblo que lo vio nacer, cuando accidentalmente se quemó vivo disfrazado de Sol.
Hasta los ángeles mueren en el suplicio.
(Gérard Courant).
OCAÑA nunca olvidó ese frio… Lo recorbada asi : « Estando en el Festival de Berlin, hago un corto con un director francés, es un monólogo, en el arco de Brandeburgo y una efigie de Marilyn Monroe. Paso más frio que Dios, pero la cámara tiene imán y te olvidas de todo ».
Como siempre, OCAÑA calificó esta pelicula como « Muy interesante… », y no era para menos. Pese a su corta duración, en ella OCAÑA hace y dice lo que le viene en gana, mezcla a ESTRELLITA CASTRO con CHARLOT, lanza flores a los comunistas, ella, la Ocaña, una andaluza marginal que no es comunista, que es anarquista… Canta saetas, rie, llora, para acabar, en el súmmum del camp religioso, convierte a MARILYN MONROE en una de ses VIRGENES…
La primera proyección pública de OCAÑA, DER ENGEL DER IN DER QUAL SINGT tuvo lugar el 4 de abril de 1979, en la Galerie de l’Ouvertür, en Paris. Ese mismo año, también se pudor ver en el Ciné-Off del Festival de Cannes, en el Festival Internacional de Caracas y en la Cinémathèque de Paris. En 1984, se proyectó en el Arsenal, la Kinemathek de Berlin Occidental. Y ahora, en 2008, a nivel mundial, se reestrena en LA ROSA DEL VIETNAM.
(Pere Pedrals, blog La Rosa del Vietnam, juin 2008)
Una pelicula de Gérard Courant, con Ocaña, Marilyn Monroe, la puerta de Brandeburgo y el espiritu de Charlot…
(Fotolog, 14 juin 2008).
While visiting the Berlin film festival in 1979, Ocaña met the French filmmaker Gérard Courant, who captured his performative spirit in a Super 8 short film. Courant “invited him to go to one of the towers overlooking the Wall, at the Brandenburg Gate. As his only script, he took along a card board Marilyn Monroe. Ocaña climbed the tower, singing and taunting the cardboard. The film was made without sound, but Ocaña and Courant met up again a few month later in Cannes, where Courant asked him to dub over the soundtrack in a public performance. The result, reminiscent of the short films that Pedro Almodóvar had shown and dubbed live in Barcelona years before, is a fusion of Ocañas zany oral outpourings with his silent movie comedy gesture”.
(Acts of Voicing, Württembergischer Kunstverein, Stuttgart, octobre 2012).
El filme ocurre en Berlín, en el lado Oeste. En la época del Muro, la frontera pasaba por la Puerta de Brandenburgo, que estaba incluida en Berlín-Este. Es importante decir que sin esa película, esta retrospectiva de Buenos Aires no habría tenido lugar. Diego Trerotola, quien ha programado la retrospectiva y no conocía mi cine, me descubrió gracias a este «pequeño» filme de 10 minutos del cual había visto un fragmento y una entrevista mía en Ocaña la memoria del sol (2010) de Juan J. Moreno, película consagrada al pintor José Pérez Ocaña. Y fue descubriendo estas pequeñas películas como empezó a hacer una investigación y acabó encontrando toda mi filmografía.
Personalmente, no he practicado el arte de la performance, a pesar de que es un arte que me apasiona desde principios de los años 70. Pero no veo esta película como una performance de Ocaña, incluso si a primera vista puede parecerlo. Instalé a Ocaña en un lugar, lo puse en una situación y le pedí que improvisara en el interior de una temática bien precisa: la libertad. Conviene recordar que nos encontrábamos en la línea de partición del mundo occidental y el mundo comunista.
Este encuentro con Ocaña se produjo por azar. Ambos nos encontrábamos en el festival de Berlín. Él había ido para presentar un documental de Ventura Pons del cual era el protagonista y que se titula Ocaña, retrat intermitent. (Esa película había sido presentada también en el festival de Cannes el año anterior, en 1978). Nos conocimos y tuve la idea de hacer una película con él. Pensé también en hacer un Cinématon pero tras el rodaje delante de la Puerta de Brandenburgo, que había sido muy intenso, ya no era posible rodar un nuevo filme con él. Claro, habría podido hacerse al día siguiente o en los días posteriores o, tres meses más tarde en el festival de Cannes, donde tanto Ocaña como yo estábamos presentes.
En Cannes, preferí requisionarlo para la proyección del filme que tenía lugar en una sección off del festival, donde él –¡entonces sí que fue una performance!– improvisó un monólogo en escena, en presencia de un gran público. Grabé ese monólogo, que se convirtió en la banda sonora de la película (porque en Berlín había rodado sin sonido).
Yo había tenido la idea de la Puerta de Brandenburgo y Ocaña la había encontrado excelente. También había tenido la idea de llevar la efigie a tamaño natural de Marylin Monroe que presidía la entrada de una pastelería de Kurfürstendam. Además, Adolfo Arrieta también tenía que salir, pero no se presentó. De hecho, hubo suerte, porque no veo muy claro que se hubiera embarcado en la locura de Ocaña…
Sí, sí, estaba Serge Daney que aún escribía en Cahiers du Cinéma, estaba también Boris Lehman que hizo unas fotos muy bonitas, también Charles Chaboud, un realizador de televisión que había llevado mucha gente al rodaje. Ocaña estaba subido a una tarima situada unos metros por encima del suelo para dejar que los turistas del Oeste viesen lo que ocurría en el lado Este. Ocaña estaba sobre la tarima, yo estaba abajo, en la nieve, filmando. Había muchísima nieve, todo pasó muy rápido porque hacía un frío tan intenso que no habríamos podido quedarnos mucho más tiempo en aquel lugar.
(Declaraciones recogidas por Nicolas Bohler en Buenos Aires el 21 de abril de 2012. Traducido del francés por Miguel Armas. elumiere.net)
Le film se passe à Berlin, du côté Ouest. A l’époque du Mur, la frontière passait par la porte de Brandenbourg, qui elle-même était englobée dans Berlin-Est.
Il est important de dire que sans ce film, cette rétrospective de Buenos Aires n’aurait jamais eu lieu. Diego Trerotola, qui a programmé la rétrospective et qui ne connaissait pas mon cinéma, m’a découvert grâce à ce “petit” film de 10 minutes dont il avait vu un extrait et une interview de moi dans Ocaña la memoria del sol (2010) de Juan J. Moreno, film qui est consacré au peintre José Pérez Ocaña. Et c’est en découvrant ces quelques fils qu’il a fait une recherche et qu’il a remonté ma pelote filmographique.
Personnellement, je n’ai pas vraiment pratiqué l’art de la performance même si c’est un art qui m’a passionné au début des années 1970. Mais je ne vois pas ce film comme une performance d’Ocaña même si, au premier abord, cela peut y ressembler. J’ai installé Ocaña dans un lieu, je l’ai mis dans une situation et je lui ai demandé d’improviser à l’intérieur d’une thématique bien précise : la liberté. Nous étions, ne l’oublions pas, sur la ligne de partage entre le monde occidental et le monde communiste.
Cette rencontre avec Ocaña s’est faite par hasard. Lui, comme moi étions présents au festival de Berlin. Il s’y trouvait pour présenter un documentaire de Ventura Pons dont il était l’unique sujet et qui s’intitule Ocaña, retrat intermitent. (Ce long-métrage avait été aussi présenté au festival de Cannes de l’année précédente, en 1978). Nous nous sommes donc rencontrés et j’ai eu l’idée de faire un film avec lui. Je pensais réaliser aussi un Cinématon mais après le tournage devant la porte de Brandebourg, qui avait été si intense, ce n’était pas possible de tourner un nouveau film avec lui. Bien sûr, cela aurait pu se faire le lendemain ou les jours suivants ou, trois mois plus tard, lors du festival de Cannes où Ocaña et moi étions également présents.
À Cannes, j’ai préféré le “réquisionner” pour la projection du film qui avait lieu dans une section off du festival où il a – là, oui, c’est une performance ! – improvisé un monologue sur scène en présence d’un public nombreux et entièrement acquis à sa cause. J’ai bien sûr enregistré ce monologue qui est devenu la bande-sonore du film (car le film avait été tourné en muet à Berlin).
J’avais eu l’idée de la porte de Brandebourg et Ocaña avait trouvé l’idée excellente. J’avais aussi eu l’idée d’amener l’effigie grandeur nature de Marilyn Monroe qui trônait à l’entrée d’une pâtisserie du Kurfurstendam. De plus, Adolfo Arrieta devait être également de la partie mais il n’est pas venu au rendez-vous. En fait, c’est une chance car je ne vois pas ce qu’il aurait pu faire embarqué dans la folie d’Ocaña…
Oui, oui, il y avait Serge Daney qui écrivait encore aux Cahiers du cinéma, il y avait aussi Boris Lehman qui a fait de très belles photos ce jour-là, il y avait encore Charles Chaboud un réalisateur de télévision qui avait fait profiter plusieurs personnes de sa voiture pour aller sur les lieux de tournage. Ocaña était sur une estrade qui se trouvait à quelques mètres au-dessus du sol pour permettre aux touristes de l’Ouest de voir ce qui se passait du côté Est. Ocaña était sur l’estrade, moi j’étais en bas, dans la neige, en train de filmer. Il y avait énormément de neige, tout est allé très vite car il faisait un froid si intense qu’on n’aurait pas pu rester trop longtemps sur place.
(Propos recueillis par Nicolas Bohler à Buenos Aires le 21 avril 2012, elumiere.net)
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