image du film.LE CINÉMA LE TRIANON DE VERNEUIL-SUR-AVRE CÉLÈBRE JULIET BERTO (CARNET FILMÉ : 8 mars 2015)

Année : 2015. Durée : 49'

Fiche technique :
Réalisation, concept, image, son, montage : Gérard Courant.
Interprétation : Jean-Jacques Bouhon, Catherine Carrée, Jean-Yves Carrée Le Besque, Michel B. Cupérial, Gérard Courant, Didier Husson, Luna Jamet, Moune Jamet, Michel Melki, Bernard Pavelek.
Production : Les Amis de Cinématon, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : 8 mars 2015 à Verneuil-sur-Avre (France).
Format : Vidéo Mini-DV.
Cadre : 1,33.
Procédé : Couleur.
Collections publiques :
-BNF (Bibliothèque Nationale de France), Paris (France).
-Cinémathèque Régionale de Bourgogne-Jean Douchet, Dijon (France).
Sortie DVD : Juillet 2016, éditions L'Harmattan.
Dédicace : Le film est dédié à Jean-Henri Roger.

Présentation >>>

Dans le cadre de la « Journée internationale des femmes », le cinéma Le Trianon de Verneuil-sur-Avre, en Normandie, a rendu un hommage à Juliet Berto, à celle qui fut une actrice égérie de la Nouvelle vague, découverte par Jean-Luc Godard (dans 2 ou 3 choses que je sais d’elle) et complice de Jacques Rivette (Céline et Julie vont en bateau, Duelle), puis cinéaste (Neige, Cap Canaille, Havre) et écrivain (La Fille aux talons d’argile).

Le programme des projections des films avec Juliet Berto était composé de Destins parallèles (1979) de Jean-Yves Carrée Le Besque, Havre (1986) de Juliet Berto, du Cinématon n°441 (1984) avec Juliet Berto et du Couple n°32 (1987) avec Juliet Berto et sa nièce Frédérique Jamet. Chaque séance était présentée et animée par des personnalités (acteurs, réalisateurs, techniciens) qui eurent la chance de travailler avec cette grande dame du cinéma.

Le Cinéma Le Trianon de Verneuil-sur-Avre célèbre Juliet Berto est un épisode des Carnets filmés (8 mars 2015) de Gérard Courant qui est un compte-rendu fidèle de cette journée dédiée à la mémoire de cette actrice disparue en 1990, quelques jours avant de fêter ses 43 ans.

Critique >>>

AU PAYS DE JULIET

C’était en 1991 ou 1992, je ne me souviens plus exactement. Mon cinéma dijonnais préféré programmait alors une intégrale (ou presque) des films de Jacques Rivette. L’occasion rêvée pour le jeune cinéphile que j’étais de découvrir une œuvre qui me fascinait. Jusqu’à présent, je n’avais vu que La Belle noiseuse (sorti en salles quelques temps avant) et L’Amour fou (au ciné-club de Claude-Jean Philippe). Coup sur coup, j’allais pouvoir découvrir La Religieuse, Hurlevent, L’Amour par terre, La Bande des quatre, Duelle et surtout Céline et Julie vont en bateau. C’est dans ces deux derniers films que je découvris Juliet, fille de la lune, fabuleuse pétroleuse déguisée en Musidora ou croquant des bonbons hallucinogènes. Elle intègrera immédiatement le panthéon de mes icônes, à côté de celles que je revoyais avec plaisir chez Rivette : Anna Karina en religieuse cloîtrée contre son gré, Bulle Ogier revenue des expérimentations théâtrales de L’Amour fou, Marie-France Pisier adorée dans Antoine et Colette et L’Amour en fuite… J’essayai alors d’en savoir plus sur cette mystérieuse Juliet dont j’avais aperçu la silhouette dans le Week-end de Godard (je verrai La Chinoise et Le Gai savoir beaucoup plus tard) mais, à cette époque, il n’y avait pas Internet.

J’ignore si c’est en feuilletant ma collection de Revue du cinéma mais je découvris, avec une immense tristesse, que la jeune femme était morte il y a peu, exactement 15 jours avant Ava Gardner. Depuis, Juliet Berto est devenue, outre l’excellente actrice qu’elle a toujours été, une sorte d’étoile guidant mes pas de cinéphile. J’ai essayé par la suite de voir tous ses films, y compris les très mauvais (Sex-shop de Claude Berri) et ceux qu’elle avait réalisés (le beau Neige étrillé par cette crapule d’Autant-Lara, l’intéressant Cap canaille).

En 1984, Gérard Courant filme la belle actrice pour sa série Cinématon qu’elle met en scène en plaçant une vitre légèrement teintée entre elle et la caméra du cinéaste. Le portrait est très beau, à la fois intime et un peu distant puisqu’on aperçoit de temps en temps le reflet de Courant.

Du coup, au même titre que Bernadette Lafont ou Bulle Ogier, Juliet Berto s’octroie également une place dans le panthéon des « icônes » de Gérard Courant. Qui d’autre qu’elle aura mieux incarné une certaine modernité cinématographique née après Mai 68 ? En plus des Cinématons consacrés à ceux qui l’ont côtoyée, qu’il s’agisse des cinéastes qui l’ont fait tourner (Tanner, Godard, Kramer, Berri, Arrabal, Van Effenterre…), des comédiens qu’elle a utilisés (Bohringer, Stévenin, sa nièce Frédérique Jamet…) ; Gérard Courant nous propose un Carnet filmé intitulé Le Cinéma Le Trianon de Verneuil-sur-Avre célèbre Juliet Berto.

En mars 2015, à l’occasion de la journée des droits de la femme, le cinéma normand de Verneuil-sur-Avre rend un hommage à Juliet Berto en projetant le très rare Havre (je ne l’ai toujours pas vu !), son troisième et dernier long-métrage, un film signé Jean-Yves Carrée Le Besque et deux films de Courant (le fameux Cinématon + le Couple que Juliet Berto tourna avec Frédérique Jamet). C’est cette soirée que Courant a enregistrée et qu’il nous propose sous forme d’installation puisque l’écran est divisé en quatre : en haut à gauche, la soirée proprement dite, à gauche, le film de la série Cinéma consacré au Trianon, en bas à gauche, le Cinématon de Juliet Berto et son Couple à droite. Comme d’habitude, l’intérêt de ce carnet est sa valeur d’archive puisqu'il s'agit de conserver une trace d’un groupe d’irréductibles cinéphiles (malheureusement, la salle fait assez vide !) célébrant la mémoire d’une actrice disparue et relativement méconnue.

Alors même si c’est parfois la confusion qui semble régner (tout le monde parle en même temps), que le son n’est pas toujours parfait, on est happé par l’ambiance de cette cérémonie profane où apparaissent la sœur de Juliet Berto (Moune Jamet) et sa petite-nièce. On pourra juger que les témoignages apportés au cours de la soirée restent assez anecdotiques mais ils finissent pourtant par dessiner les contours d’un portrait émouvant.

(Vincent Roussel, Le Journal cinéma du Docteur Orlof, 21 juin 2017)

 


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