Année : 1982. Durée : 1 H 23'
Fiche technique :
Réalisation, scénario, image, partition sonore, montage : Gérard Courant.
Production : Les Amis de Cinématon, La Fondation Gérard Courant.
Diffusion : Les Amis de Cinématon.
Tournage : 10 janvier 1982 à Paris (France) : VIIe, XIVe, XVe, XVIe arrondissements.
Format d’origine : Super 8 mm.
Format de projection : Vidéo.
Procédé : Noir et blanc.
Première projection publique : 5 avril 1984, Galerie Donguy, Paris (France).
Collection publique : BnF (Bibliothèque nationale de France), Paris (France).
Dédicace : le film est dédié à l’écrivain Alain Paucard.
Le Blanc cassé est un épisode des Carnets filmés de Gérard Courant tourné un jour de neige à Paris le 10 janvier 1982.
Le Blanc cassé est une dérive piétonnière, caméra à la main, qui commence rue Gazan, dans le XIVème arrondissement pour se terminer près du Palais de Chaillot dans le XVIème arrondissement.
L’itinéraire, qui débute en lisière du parc Montsouris, se poursuit avenue Reille, puis avenue René Coty jusqu’à la place Denfert Rochereau, toujours dans le XIVème arrondissement. Un petit trajet de métro transporte le cinéaste jusqu’à la station La Motte-Piquet-Grenelle, dans le XVème arrondissement, où il emprunte l’avenue de La Motte Piquet puis l’esplanade du Champ de Mars pour arriver à la Tour Eiffel. Après avoir franchi la Seine au pont d’Iéna, sa déambulation se termine sur les bords de Seine, avenue de New York.
La couleur murale la plus recommandée pour accrocher des tableaux, c‘est le blanc cassé. En janvier 1982, il a beaucoup neigé sur Paris et Gérard Courant a filmé le blanc cassé qui faisait de la ville un support pour le tableau, à chaque saison renouvelé, de la capitale. Le blanc cassé était si présent, si insistant dans sa manière d’occuper le terrain, qu’il ne justifiait plus le moindre accrochage. Il était devenu l’accrochage même et la promenade de Courant, du parc Montsouris à la Tour Eiffel, un vernissage. On n’est pas loin du bleu de Klein… mais le film de Courant est plus vivant parce qu’hommes et bêtes continuent d’y vivre, de persévérer à s’y imposer. On dit que les intempéries cassent l’activité mais ce n’est pas vrai. La vie ralentie, c’est toujours la vie.
(Alain Paucard, 14 juin 2020 à 5 H 18)
PS : Il y a aussi le blanc cassis mais c’est une autre histoire.
Puis je tombe sur une page de tes carnets de janvier 1982, le Blanc cassé. Quelle inquiétude, quelle désolation! Paris aux mains des profanateurs de sépulture. Plus de magasins, plus de bistrots. Un loup rôde, il a la rage, un zombie l’a mordu, il fuit, il va mourir, pas de salut possible, son compte est bon. Les pigeons ne picorent pas des miettes mais une carcasse pourrie, celle de la vieille dame qui leur donnait du pain. Recouvrant trottoirs et bagnoles, non pas de la neige mais de la cendre. L’avenir est bouché. Tour Eiffel en danger. Paris foutu, Anne Hidalgo s'annonce. Ni citadins ni passants, mais une errance d’égorgeurs, de vicieux, de buveurs de sang, de charognards, d’écorcheurs. Tous des monstres. Mais on les retrouvera. Ils laissent des traces.
Et moi où étais-je ce jour-là, en ce mois de janvier 1982 ? Que faisais-je, malheureux qui ne me doutais de rien ? Je sais que tu le sais. Tu m’as filmé, unique silhouette innocente dans le décor. Gare à toi!
(Boris Moissard, courriel adressé à Gérard Courant, 28 février 2025)
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